Tous unis contre le sucre génétiquement modifié. Le Réseau canadien d’action sur les biotechnologies voit d’un mauvais oeil l’arrivée sur le marché canadien d’une nouvelle espèce de betterave à sucre, élaborée par la multinationale Monsanto. Le groupe de pression environnemental vient d’ailleurs de lancer une campagne pour inciter l’entreprise montréalaise Lantic à ne pas utiliser cet organisme génétiquement modifié (OGM) dans ses produits futurs.

Homologuée en août 2005 par Santé Canada, qui la considère comme sécuritaire pour la consommation humaine, la betterave à sucre transgénique se prépare à faire son entrée dans les champs de l’Ouest canadien, où cette plante potagère est très populaire. Les scientifiques de Monsanto l’ont modifiée afin de la rendre résistante au Roundup Ready, le pesticide vendu par cette compagnie.

Cette perspective inquiète le Réseau. Alors que les agriculteurs choisissent actuellement leurs semences pour la récolte 2009, le groupe souhaite que Lantic se prononce contre cette betterave pour freiner sa prolifération. Il y a dix ans, le géant McCain avait stoppé la commercialisation de la pomme de terre transgénique en refusant, sous la pression des consommateurs, d’en utiliser dans ses produits.

Les activistes anti-OGM espèrent reproduire le même scénario avec cette betterave et demandent aux Canadiens d’interpeller la haute direction de l’entreprise sur les risques que ferait peser cette plante sur l’environnement. Selon eux, la pollinisation par le vent pourrait contaminer la betterave sucrière conventionnelle, mais aussi la bette à carde et les betteraves dites de consommation, rouges et jaunes.

Lantic n’a pas tranché

Du côté du sucrier, on indique « qu’aucun produit mis sur le marché n’utilise des plantes OGM actuellement, a précisé hier au Devoir Daniel Lafrance, porte-parole de la compagnie. Mais il est possible que cela se produise dans le futur ». Sucre Lantic précise d’ailleurs qu’elle « sous-traite à des agriculteurs » la production de betteraves, qui entrent dans la composition de seulement 10 % de ses produits, le reste de son sucre étant tiré de la canne à sucre importée.

Le caractère transgénique ou non des plantes n’est pas pris en compte dans la commande, souligne l’entreprise, qui avoue ne pas avoir statué sur le sort qu’elle va réserver à cette betterave. « Mais aux États-Unis, la culture a commencé », dit M. Lafrance.

La commercialisation de cette racine attise également les craintes des consommateurs au pays de Barack Obama. Une coalition formée de l’Organic Seeds Alliance, du Center for Food Safety et du Sierra Club, vient d’ailleurs d’intenter une poursuite contre le département américain à l’Agriculture. Les plaignants estiment que les autorités ont pris trop à la légère les risques environnementaux liés à cette plante en autorisant sa commercialisation, en 2005. Le groupe veut forcer les autorités réglementaires à revenir sur cette décision.

Source
 : Fabien Deglise, Le Devoir.com, le 21 mars 2009