Les herbicides à base de glyphosate (catégorie à laquelle appartient le fameux Round Up) ont des effets tératogènes sur les vertébrés. En tout cas c’est ce que révèle une toute nouvelle étude scientifique argentine, dont les résultats sont publiés dans la dernière livraison de la très sérieuse revue scientifique Chemical Research in Toxicology.

En effet, l’étude s’est basée sur des cas de malformations chez les nouveaux nés (malformations neurales et craniofaciales) dans des régions où des herbicides à base de glyphosate sont largement utilisés sur des cultures OGM.

Les scientifiques argentins ont décidés d’évaluer les effets de faibles doses de glyphosate sur le développement en étudiant des embryons de vertébrés. Pour cela, ils ont étudiés les effets de dilution à 1/5000 d’herbicide à base de glyphosate sur des larves de grenouille Xenopus laevis, peut on lire dans un communiqué de presse.

Les résultats de cette étude ont démontrés que les embryons traités étaient hautement anormaux, avec des altérations marquées du développement céphalique et de la crête neurale.

Par la suite, la même manipulation a été réalisée sur des embryons de poulets, et ce, dans le but de vérifier si de tels effets avaient lieu avec d’autres vertébrés que des amphibiens. Les résultats étaient similaires, avec en plus, une réduction des vésicules optiques et une microcéphalie.

Le glyphosate est un désherbant total, c’est-à-dire un herbicide non sélectif, autrefois produit sous brevet, exclusivement par la société Monsanto à partir de 1974, sous la marque Roundup. Le brevet étant tombé dans le domaine public en 2000, d’autres sociétés produisent désormais du glyphosate.

Le glyphosate seul est peu efficace, car il n’adhère pas aux feuilles et les pénètre difficilement. On lui adjoint donc un tensioactif (ou surfactant) qui est soupçonné d’être une cause de toxicité des désherbants contenant du glyphosate.

Quelques espèces de plantes ont commencé à développer des résistances au glyphosate, dont par exemple l’evil pigweed (Palmer amaranth de la famille des amarantes) qui pousse à une vitesse telle qu’elle force les agriculteurs du Sud des États-Unis à abandonner leur champs5. L’apparition de cette espèce de plante résistante est considérée comme une véritable menace pour l’agriculture par l’Université de Georgie6.

Selon les chercheurs, les herbicides à base de glyphosate augmenteraient l’activité de l’acide rétinoïque endogène. Cette activité serait causée par le glyphosate lui-même et non par les adjuvants.

En attendant, les chercheurs s’alarment des cas de malformations cliniquement constatés chez des enfants dans des régions où la population est exposée à ces herbicides dans les champs où ils sont utilisés sur des cultures d’OGM tolérants au glyphosate.

François Veillerette, porte parole du MDRGF, déclare à cet effet : « Cette nouvelle étude nous montre que l’utilisation d’énormes quantités d’herbicides à base de glyphosate, notamment sur les cultures d’OGM là où elles sont permises, mais aussi dans d’autres domaines de l’agriculture ou même chez les particuliers, est irresponsable. A la lumière des résultats de cette étude nous demandons l’application du principe de précaution et le retrait de l’homologation de ces herbicides à base de glyphosate du marché français et européen, dans une logique de prévention des malformations congénitales dans les populations exposées ».

Source : Jean-Charles BATENBAUM, Actualités-Naews-Environnement.com, le 24 août 2010