Au Burkina les cotonculteurs sont divisés sur l’utilisation des OGM.
Même si le pays est réputé en Afrique pour la production de coton transgénique, le débat n’en reste pas moins vif au Burkina Faso entre cotonculteurs entre les pro et les anti-OGM. 

Premier producteur de coton en Afrique, le Burkina Faso est aussi la tête de pont du transgénique sur le continent, après l’Afrique du Sud, et fait d’ores et déjà partie des dix premiers producteurs mondiaux de coton génétiquement modifié. En Afrique de l’Ouest, les paysans militant en faveur de l’introduction des organismes génétiquement modifiés (OGM) le citent en exemple.

Le pays s’est fixé un objectif de production de 600 000 tonnes de coton pour la campagne 2010-2011 (530 000 t en 2009-2010), dont 80 % de transgénique. « Le gain attendu est de 100 millions de dollars. Les tests montrent une augmentation du rendement de plus de 30 % et une réduction de 50 % des traitements en insecticide », précise l’Union nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPCB).

Son président, Karim Traoré, est un ardent défenseur des OGM, « car ils ont un meilleur rendement, et les semences sont plus précoces que le coton conventionnel ». Si le conventionnel est, de loin, moins cher (4 000 F CFA l’hectare, contre 27 000 F CFA pour les OGM), « cela revient à peu près au même quand on ajoute les insecticides ». Karim Traoré reconnaît qu’il ne maîtrise pas tous les tenants et aboutissants de la convention signée entre la firme américaine Monsanto et les sociétés cotonnières, qui mènent une opération de charme pour convaincre les paysans de se convertir aux OGM. Mais ce n’est pas grave : « Nous voyons le gain sur le terrain », se défend-il.

Une position que dénonce Bagna Djibo. Pour le président du Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l’Afrique de l’Ouest (Roppa), les OGM sont un piège. « Nous n’avons pas d’expertise suffisante sur ces semences, explique-t-il. On nous propose un système qui nous rendra dépendants. Des firmes auront le monopole des semences et les paysans n’auront plus leur mot à dire. Avant de leur donner des OGM, il faudrait peut-être leur fournir une charrue et des bœufs. »

Source : Rémi Carayol, Jeune Afrique, le 29 novembre 2010