Fortes consommatrices de capitaux, les entreprises de biotechnologie sont - bien logiquement - les victimes frontales de la pénurie de crédit engendrée par la crise financière mondiale.

Selon l’étude rendue publique mardi 7 octobre par France Biotech, le syndicat professionnel des laboratoires de biotechnologie, à l’occasion du salon Eurobio 2008, les investissements dans le secteur ont, au premier semestre 2008, diminué de 79 % en Europe et de 62 % aux Etats-Unis par rapport au premier semestre 2007.

Durant la période, les entrées en Bourse ont diminué de 82 % en Europe et de 93 % aux Etats-Unis. Dans le même temps, les augmentations de capital sur le marché boursier ont, quant à elles, diminué de 91 % en Europe et de 66 % aux Etats-Unis. Les investissements en capital risque semblent avoir été moins touchés : ils n’ont diminué "que" de 19 % en Europe et de 38 % aux Etats-Unis.

ECARTS MAINTENUS

Cette crise financière ne remet pas en cause pour le moment le déséquilibre qui existe entre l’Europe et les Etats-Unis. Le chiffre d’affaires mondial du secteur s’est élevé en 2007 à 95,1 milliards de dollars (60 milliards d’euros environ), les Etats-Unis représentant 72 % du chiffre d’affaires mondial.

Reprenant les données du cabinet Ernst & Young, France Biotech explique que les entreprises européennes totalisent un chiffre d’affaires de 20 milliards de dollars en 2007, soit un niveau d’activité quatre fois inférieur à celui de leurs homologues d’outre-Atlantique. Bien que l’Europe compte aujourd’hui autant de sociétés que les Etats-Unis, celles-ci sont plus petites, moins matures, moins bien capitalisées et surtout elles investissent 3 fois moins en recherche et développement (9,5 milliards de dollars en Europe contre 30 aux Etats-Unis).

En Europe, les biotechs britanniques ont capté 37 % des investissements en 2007 tandis que les biotechs françaises (716 millions de dollars investis soit 527 millions d’euros) dépassent désormais leurs homologues d’outre-Rhin (496 millions de dollars).

Le marché Asie-Pacifique, longtemps limité aux entreprises japonaises et australiennes, s’est considérablement développé grâce à l’ouverture de la Chine depuis 1997 et à la création des "Special Economic Zones" en Inde. L’Asie ne compte encore que 764 sociétés réalisant un chiffre d’affaire de 4 milliards de dollars (2,2 milliards d’euros environ), mais son rythme de croissance (+ 21 % par rapport à 2006) se révèle extrêmement rapide tandis que ses investissements en R & D sont en hausse de 25 %.

L’attractivité de la région tient autant à la volonté des gouvernements de développer le secteur des biotechs qu’à la qualité des scientifiques qui y sont formés et aux faibles coûts de production. Nombre de laboratoires européens et américains de pharmacie et de biotechnologie ont également commencé à multiplier les coopérations avec la Chine, l’Inde, Singapour...

Source : Le monde, Yves Mamou, le 8/10/2008.