Communiqué de presse - 14 juin 2010

La Commission Européenne vient de laisser échapper les plans d’un nouveau piège qu’elle entend installer pour imposer les cultures OGM aux citoyens européens qui n’en veulent pas : mais les Européens ne sont pas des alouettes qu’on attrape avec un simple miroir !

De nombreux Etats européens se sont déjà donnés les moyens d’utiliser les règles communautaires actuelles pour refuser sur leur territoire les cultures OGM autorisées par l’Europe suite à une évaluation fantaisiste et laxiste. Chaque fois que la Commission a voulu remettre en cause leurs décisions de moratoires, elle a été désavouée par un vote majoritaire du Conseil. Ne supportant plus ces humiliations répétées, elle propose aujourd’hui d’autoriser directement ces Etats à faire ce qu’ils font déjà, en supprimant simplement l’étape de l’approbation européenne qui lui est chaque fois fatale. En contre partie, elle voudrait que les mêmes Etats acceptent de lever le blocage actuel des autorisations européennes de culture en acceptant une évaluation encore plus succincte des OGM, basée sur le mensonge de l’équivalence en substances. Son but est de développer au plus vite leur culture dans les quelques Etats favorables en comptant sur la libre circulation de leurs semences pour contaminer les Etats réfractaires.

Dans un marché concurrentiel unique, aucun pays ne pourra empêcher pendant longtemps à ses agriculteurs de cultiver des semences GM librement commercialisées, alors même que leurs concurrents des pays voisins pourront les cultiver sans restriction. Aucun Etat ne pourra non plus résister seul face à d’éventuelles sanctions de l’OMC sans le soutien de l’Union Européenne. Certes il faut changer les règles européennes actuelles, mais pour renforcer et non alléger le dispositif d’évaluation, en suivant et non en ignorant pour cela les recommandations du Conseil de l’environnement de décembre 2008. Il faut aussi le rendre réellement indépendant par une expertise scientifique et citoyenne contradictoire n’évacuant pas les impacts socio-économique et ne remplaçant pas la décision finale qui doit rester politique. Oui, il faut permettre aux Etats de refuser les cultures d’OGM, mais en leur permettant en même temps de refuser de les importer sur leur territoire, sinon leur refus ne sert à rien.

Pour protéger et développer la riche biodiversité cultivée européenne, la Confédération Paysanne appelle les Etas à refuser ce nouveau piège de la Commission et l’Europe à interdire les cultures et les importations des OGM, ainsi que tout brevet sur les gènes des plantes ou des animaux et plus généralement sur le vivant. Il est temps de reconnaître les droits des agriculteurs de ressemer, d’échanger, de vendre et de protéger leurs semences, tels que définis dans le Traité Internationale sur les Ressources Phytogénétiques pour l’Alimentation et l’Agriculture.


Source :
 Confédération Paysanne, 14 juin 2010