« Pas besoin de légiférer pour l’interdire », justifie l’une de ces élues de la majorité.

 Le glyphosate est le principe actif du Roundup de Monsanto.
Le glyphosate est le principe actif du Roundup de Monsanto. Reuters / Benoit Tessier

Engagement pris par Emmanuel Macron en novembre 2017, l'interdiction du glyphosate d'ici 2021 ne sera pas inscrite dans la loi. Ainsi en ont décidé 63 députés, dans la soirée de lundi, que vingt autres ne seront pas parvenus à convaincre.

Parmi les opposants à l'amendement porté par l'élu LREM Matthieu Orphelin, on trouve 36 députés de son camp... dont trois qui avaient pris publiquement position pour l'interdiction du glyphosate!

Le 22 octobre dernier, Christine Hennion (Hauts-de-Seine), Laurence Maillart-Méhaignerie (Ille-et-Vilaine) et Valérie Thomas (Puy-de-Dôme) cosignaient une tribune dans Le Monde demandant à l'Union européenne d'interdire « le plus rapidement possible » l'utilisation de l'herbicide, jugé comme un « cancérogène probable » par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

En novembre, le glyphosate avait finalement été autorisé dans l'UE pour cinq années de plus. C'est suite à cette décision que le président de la République avait fait sa fameuse promesse. Mais le ministère de l'Agriculture ne voulait pas entendre parler d'une inscription dans la loi.


Des votes contre ses propres amendements !

Plus surprenant encore : l'une des trois députées ayant fait volte-face, Laurence Maillart-Méhaignerie, a voté contre un autre amendement visant à interdire le glyphosate qu'elle avait elle-même porté en tant que rapporteure de la commission du développement durable. Mardi après-midi, elle a réitéré cette curieuse manœuvre à propos d'un amendement visant à bannir en 2020 les produits phytopharmaceutiques contenant des substances non autorisées par l'Union européenne.

Mardi, Laurence Maillart-Méhaignerie, a justifié, sur Twitter, son choix de revenir sur une inscription dans la loi de l'interdiction du glyphosate : « L'engagement du Président de la République et du gouvernement est ferme et il est fort. Dans l'esprit des EGA (Etats généraux de l'alimentation, ndlr) nous faisons confiance aux acteurs (pour) organiser la fin du Glyphosate d'ici 3 ans. Si tel n'était pas le cas, nous l'interdirons. Pas besoin de légiférer pour l'interdire. »

« Cette tribune s'invitait dans un débat européen et a permis de réduire la période de renouvellement à 5 ans », a de son côté argué sa collègue LREM Christine Hennion. Dans un communiqué, l'élue des Hauts-de-Seine insiste : « L'interdiction du Glyphosate se fera. Elle ne peut toutefois se faire au prix de la compétitivité de nos agriculteurs, par l'inscription dans la loi d'une disposition punitive qui leur ferait supporter seuls les surcoûts liés à la diminution de l'utilisation. »

Dans un communiqué, Valérie Thomas a indiqué de son côté qu'« inscrire dans la loi un ultimatum, sans se donner les moyens d'y parvenir » est « un vœu pieux » : « Cette tribune n'a jamais prôné une inscription dans la loi de l'interdiction du glyphosate dans trois ans pour les usages agricoles. En cohérence, j'ai voté contre les amendements. »

Source : Le Parisien