Le 14 Mars 2008

Monsanto, le leader des biotechnologies, investit pas moins de 700 millions de dollars par an dans la recherche et le développement, soit l’équivalent de 10 % de son chiffre d’affaires.

La multinationale a signé en 2007 avec l’allemand BASF un accord afin de partager pendant cinq ans un programme de 1,5 milliard de dollars ayant trait aux technologies anti-stress, tout en continuant de capitaliser sur son produit vedette, le désherbant intégral Round Up. Notons qu’afin d’éviter de disperser ses efforts de recherche, le semencier privilégie quatre cultures principales, le maïs, les oléagineux, le soja et les légumes. Monsanto table d’abord sur la transgénèse, technologie qu’il maîtrise mieux que personne. A noter aussi qu’en génomique, le géant américain est tellement puissant que ses concurrents sont souvent obligés de lui acheter les données de marqueurs génétiques. Que Monsanto joue sur la fibre racoleuse du développement durable est pour le moins étrange, quand on connaît le passé plutôt chargé de cette "pieuvre génétique". Monsanto enveloppe ainsi sa stratégie agressive dans un déluge d’allégations éthiques en se focalisant sur les "agrocarburants". Ainsi mise-t-elle sur des plants de maïs produisant plus d’éthanol et en profite pour en défendre les vertus technologiques. Sa dernière trouvaille ? Le réchauffement climatique, qui lui a permis de faire des recherches sur une variété de maïs résistant à la sécheresse. Une leçon ? Les fondamentalistes du marché libre ont beau jurer par la concurrence "pure et parfaite", c’est grâce à sa position monopolistique que Monsanto parvient – Schumpeter n’aurait pas démenti – à dégager les fonds nécessaires pour innover. En bien ou en mal, c’est une autre question qu’on laissera aux moralistes.

Source : Les Echos du 3 juillet 2007
Traitement : Gresea, 06 juillet 2007.