Les fermiers de trois provinces sud africaines ont eu la désagréable surprise de découvrir des dizaines de milliers de plants de maïs stériles dans leurs champs. Le phénomène, qui s’étend sur 82 000 hectares, touche trois variétés différentes de semences achetées à la firme Monsanto. En apparence, les plantes sont en bonnes santé : ni malformation ni maladies ni parasite. Mais elles ne produisent pas ou peu de graines.

Sur le blog officiel de la compagnie, Kobus Lindeque, le directeur de la région sud-africaine de Monsanto Afrique, invoque une mauvaise fertilisation des graines :

« Les variations dans la pollinisation ne sont pas rares et peuvent être influencées par des facteurs comme la météo ou les pratiques agronomiques. Dans certains cas, comme celui-ci, les méthodes de production de semences peuvent également contribuer à réduire la pollinisation. »

Marie-Monique Robin, réalisatrice du documentaire « Le Monde selon Monsanto » met en doute ces affirmations. Le même problème frappant trois variétés différentes de maïs, elle considère qu’il est illusoire de croire qu’il s’agit d’une erreur dans le processus de pollinisation. Pour la journaliste, c’est dans la modification génétique de la plante elle-même qu’il faut chercher :

« La modification génétique des plantes les fragilise. Pour les rendre plus productive, on les force à développer des capacités qu’elles n’ont pas naturellement. Elles deviennent plus fragiles, moins résistantes à l’environnement extérieur. »

Sur 1 000 paysans ayant utilisé les semences de Monsanto, 280 déclarent avoir subi des pertes. La firme s’est engagée à indemniser chacun des fermiers concernés dans un délai de deux mois. Cependant, alors que l’association African Center for Biosafety évoque des cultures touchées à près de 80%, sur son blog, la firme parle d’une pollinisation réussie à plus de 90%.

Pour Benjamin Sourice, le coordinateur du collectif Combat Monsanto, cet épisode illustre les dangers des semences OGM fabriquée par des firmes comme Monsanto pour la souveraineté alimentaire des Etats :

« Ce qui s’est passé en Afrique du Sud est une illustration de ce que dénonce le collectif. Si on confie la production de semences à des multinationales, on leur donne un contrôle sur la nourriture et sur la souveraineté alimentaire des Etats. »


Source :
 Rue89, le 26 avril 2009 par Mael Inizan