Le 10 juillet 2008.

Réunis face aux menaces renouvelées contre nos semences, nos aliments, nos droits et notre mode de vie comme peuple, le Réseau de Protection du Maїs Natif déclare :

Considérant,

L’intention du gouvernement mexicain, en accord avec les entreprises transnationales, de permettre la culture de maїs transgéniques dans plusieurs champs expérimentaux, et que cela va nécessairement entraîner une contamination de nos maїs natifs puis leur disparition, ce qui constitue une atteinte contre notre identité, notre autonomie, notre économie et notre santé, en détruisant la terre mère, la vie et en polluant la nature.

Ceux qui prétendent user de la loi et des règlements approuvés sans le consentement des peuples et en faveur des intérêts des entreprises, comme la loi de Biosecurité et Organismes Génétiquement Modifiés (Ley de Bioseguridad y Organismos Genéticamente Modificados), renommée “loi Monsanto”, permettent l’entrée et l’invasion des transnationales sur notre territoire, zones de cultures et la spoliation de nos semences, qui nous appartiennent au nom du droit historique et ancestral.

Que la “loi Monsanto” fait partie d’une série de lois destinée à la spoliation et à la privatisation de nos ressources et de nos droits, - la reforme de l’art. 27 de la Constitution, la Loi Agraire, la Loi sur les eaux nationales, la loi Forestière, la Loi Minera, la Loi Générale sur la Vie Sauvage, la Loi de certification des semences- entre autres, qui ont été prises dans notre dos et contre notre volonté, nos droits, notre histoire et notre culture.

Que maintenant, à travers la farce légale intitulée ironiquement « Régime de protection spécial du maїs », on entend nier que tout le territoire mexicain est le centre d’origine et de diversité du maїs.

Que les institutions gouvernementales mettent à exécution les projets et les intérêts des entreprises multinationales, et que les programmes agraires et sociaux – comme le PROMAF (Programa de Maíz y Fríjol), mis en place pour que nous perdions la possession de nos semences- détruisent la vie communautaire des peuples et nous poussent à dépendre des entreprises mais aussi à l’homogénéisation des peuples, en détruisant notre diversité culturelle en nous transformant en clients des entreprises.

Que les banques de semences, constituées de graines prélevées sur nos territoires et fruits de nos savoirs, sont désormais contrôlées par les grandes corporations, comme Monsanto, Dupont, Syngenta, Bayer, BASF et Dow, qui se sont réunies sous la bannière du cartel de l’ Asociación Mexicana de Semillas A. C. (AMSAC) pour défendre leurs intérêts dans le pays en se déclarant “protecteurs” des semences, quant en réalité ils les détruisent. Que ces entreprises sans aucunes morales, et grandes pollueuses de la nature et destructrices de la vie paysanne comme Monsanto, sont membres du “Comité d’honneur et justice” de la susdite association.

Que l’AMSAC réclame que ne soient semées que des graines dites « certifiées », tout en appelant « pirates » nos semences originelles.

Que nous les peuples, tribus et nations indigènes, sommes propriétaires et gardiens des plantes et des animaux, des bois et de la jungle, de l’eau et des plantes qui existent sur nos territoires, nous faisons la déclaration suivante,

Déclaration :

Les peuples indigènes et les paysans sont les héritiers et responsables de la perpétuation des différentes espèces de maїs qui existent sur la totalité du territoire, faisant du Mexique le centre d’origine et de la diversité du maїs.

Nous nous déclarons contre la libération du maїs transgénique et de tous les organismes génétiquement modifiés de manière expérimentale à des fins commerciales.

Les indigènes et les paysans sont les véritables, et les plus expérimentés, gardiens des ressources naturelles de notre pays.

Nous nous déclarons contre les lois qui portent atteinte à nos droits comme peuples, et contre les entreprises transnationales qui prétendent nous spolier de nos semences, de nos terres, de nos vallées et rivières, et de toutes autres richesses naturelles.

Nous dénonçons l’ingérence de ces entreprises sur les politiques agroalimentaires afin de nous faire perdre le droit de produire librement notre propre alimentation.

Nous dénonçons l’AMSAC comme une institution qui porte atteinte à nos droits en temps qu’agriculteurs et à notre souveraineté alimentaire.

Nous nous opposons à toutes les stratégies institutionnelles et autres programmes gouvernementaux qui essaieraient, à l’encontre du peuple, de remplacer nos semences traditionnelles par des semences hybrides et transgéniques.

Nous sommes contre les banques de semences, qui ne sont que des centres de biopiraterie qui volent nos semences et nos savoirs ancestraux pour favoriser les intérêts des entreprises et des investisseurs étrangers allant à l’encontre des intérêts des peuples.

Nous sommes contre les projets de biopiraterie que Monsanto met en place avec l’aide de certaines organisations agricoles et universitaires pour voler les maїs natifs et les connaissances afférentes, comme le “Proyecto Maestro de Maíces Mexicanos” ou le contrat avec l’Université de Guadalajara pour collecter les maїs et “tecocintle”, l’ancêtre du maїs, dans les montagnes des indigènes Nahua de Manantlán à Jalisco.

Nous nous opposons à la certification et à l’enregistrement des semences, et nous le dénonçons comme une manière de privatiser les semences afin de contrôler les peuples.

Nous refusons la promotion, la diffusion, l’expérimentation, la culture, la commercialisation et la consommation de semences transgéniques. Ces semences sont préjudiciables à l’environnement et mettent en danger la santé et la souveraineté alimentaires de millions de Mexicains.

La culture, la protection et l’échange libre de nos propres semences natives, dont nous n’avons aucune raison de les certifier ou de les enregistrer auprès de qui que ce soit, car nous les possédions bien avant même que soit fondé l’Etat du Mexique, est un droit inaliénable que personne ne pourra nous enlever et que nous continuerons à exercer de manière autonome. Ces semences sont l’espoir du futur de chacun.

Nous exigeons,

Le respect du droit à la souveraineté alimentaire ainsi que de notre autonomie, de nos coutumes, de nos cultures, des nos traditions et pratiques agricoles.

Que s’arrêtent sur le champ les cultures expérimentales, les recherches, la commercialisation et la consommation de produits transgéniques sur le territoire mexicain.

Nous rejetons la certification, l’enregistrement ou la mise sous brevet de n’importe quel type de semences ou d’animaux. Au contraire nous exigeons que soit respecté le libre échange de nos semences comme nous l’avons toujours fait depuis des temps immémoriaux sans nécessiter de « paquets technologiques ».

Que soit mis un terme à la politique de criminalisation des formes de vie paysannes, telle qu’elle est mise en place par les législations en faveur des intérêts des entreprises.

Nous continuerons à défendre l’autonomie de nos peuples, de la communauté, des assemblées et de leurs gouvernements autonomes, dont la base fondamentale est notre territoire et la culture du maїs natif comme partie de notre vie.

Nous resterons en alerte pour dénoncer publiquement les cultures expérimentales de maїs transgéniques dans notre pays, qui est le lieu originaire du maїs, et nous appelons le peuple mexicain à s’informer et à s’organiser pour ne jamais permettre cette imposition.

Comunidades indígenas y campesinas. Pueblo Wixárika, Pueblo Rarámuri, Tribu Yaqui, Pueblo Mayo-Yoreme, Comunidades Pure’pecha, Comunidad Totonaca de la Sierra Norte de Puebla ; Comunidades Campesinas de Los Tuxtlas, Veracruz ; Comunidades Campesinas del sur y del norte de Veracruz ; Comunidades Zapotecas de los Valles Centrales de Oaxaca ; Comunidad Tlapaneca, de Tlapa, Guerrero, comunidad mixteca de San Juan Mixtepec, Oaxaca, Comunidades campesinas del sur de Tamaulipas.

Organizaciones Indígenas y campesinas : Unión de Comunidades Campesinas del Norte de Guanajuato (UCANG), Organización de Agricultores Biológicos, AC, Oaxaca ; Centro de Derechos Indígenas Flor y Canto AC, Oaxaca, Unión de Organizaciones de la Sierra Norte de Oaxaca, UNOSJO ; Centro Regional para la Educación y la Organización (CREO), Los Tuxtlas, Veracruz ; Radio Huayacocotla,

Organizaciones de la sociedad civil : Centro Nacional de Apoyo a las Misiones Indígenas AC (CENAMI) ; Centro de Estudios para el Cambio en el Campo Mexicano (CECCAM) ; Grupo de Acción sobre Erosión, Tecnología y Concentración (Grupo ETC) ; Centro de Análisis Social, Información y Formación Popular (CASIFOP) ; Colectivo por la Autonomía (Coa AC) ; Comité de Derechos Humanos Sierra Norte de Veracruz ; Consultoría Técnica Comunitaria AC (CONTEC), Chihuahua ; Grupo de Estudios Ambientales (GEA AC), Unidad de Apoyo a las Comunidades Indígenas (UACI-Universidad de Guadalajara), Jalisco ; Centro de investigación y producción de tecnología ecológica para la vivienda (CIPTEV) Jalisco ; Grupo Cultural Nivi Ñuu ; GRAIN, Chile.

Source : Biodiversidad en America Latina