C’est une opération inédite et insolite que l’administration américaine a lancée, vendredi 12 mars à Ankeny, petite ville de l’Iowa. Le secrétaire à l’Agriculture, Tom Vilsack et l’Attorney General, Eric Holder, ont rassemblé 500 agriculteurs, fonctionnaires et agroindustriels pour évoquer les disparités des prix entre ceux payés aux fermiers et ceux dans les rayons de supermarchés.

Un tel débat passionne l’Amérique et ce premier meeting qui sera suivi de cinq autres, dans le reste du pays, a largement été repris par les media. L’objectif est d’obtenir le plus grand nombre de témoignages de gens qui se sentiraient victimes de pressions subies par les géants du secteur, profitant d’une situation de quasi monopole.

Toutes les filières sont concernées, aussi bien le lait, que la viande, mais ces premier débats ont rapidement tourné au procès de la firme Monsanto. Il est vrai que celle-ci est, depuis quelques mois, pointée du doigt par le Président lui-même. Il s’était ému en octobre dernier, sans citer de nom, de ce que le prix des semences de soja ou maïs aient plus que doublé en moins de dix ans. Monsanto détient 90% du marché pour les premières et 80% pour les secondes. En janvier, la firme du Missouri a dévoilé faire l’objet d’une enquête de la part du département de la Justice. Sans doute, suite à une plainte de son concurrent, DuPont.

Washington brandit donc la menace de faire appel, sans faiblir, aux lois anti-trust pour casser ces situations de quasi monopole. Monsanto est conscient d’être une cible idéale. Elle avait d’ailleurs envoyé un de ses représentants lors de ce meeting pour faire valoir son point de vue. Le même jour, elle adressait un communiqué à la presse, pour rappeler les bienfaits de ses semences OGM dans les progrès de l’agriculture de la nation. Une mise au point davantage destinée à l’opinion publique pour tenter de se débarrasser de son image de grand méchant loup.

Pour ce qui est des menaces de rétorsion de l’administration, Monsanto, peut compter sur ses lobbyistes auprès du Congrès et du Sénat car ils sont des orfèvres en la matière. En outre, le financement des futures campagnes électorales des élus est une corde facile à faire vibrer chez eux. La firme gagnera donc sans grande surprise ce bras de fer politique. Quant à la bataille face à l’opinion, c’est beaucoup moins certain. Mais cela ne troublera guère le sommeil des dirigeants au siège mondial situé à Crève Coeur.

Source :http://blog.agro-international.fr , le 14 mars 2010