- Communiqué de presse du 27 octobre 2010 -

Dans un rapport publié ce 26 octobre [1], la FAO (organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture) insiste sur l’importance de la biodiversité cultivée pour que l’agriculture nourrisse durablement l’humanité.

Même s’ils restent timides, les constats et préconisations de ce rapport rejoignent ceux formulés par l’association Agir Pour l’Environnement et ses 22 partenaires du monde agricole, environnemental et citoyen dans le cadre de la campagne « La biodiversité, ça se cultive aussi ! » qu’ils ont initiée en juillet 2010.

La FAO admet enfin explicitement qu’une grande diversité des espèces cultivées permet, comparativement aux semences industrielles :

• une bien meilleure adaptabilité aux changements climatiques et en particulier à la sécheresse et aux inondations,
• une bien meilleure résistance aux parasites et maladies,
• une capacité d’innovation et une réactivité technique face aux évolutions climatiques ou économiques,
• et in fine une amélioration de la sécurité alimentaire locale.

Par ailleurs, elle reconnaît l’importance de faciliter la gestion et la conservation in situ de ces variétés (c’est-à-dire dans les fermes elles-mêmes), ainsi que le rôle primordial des savoirs paysans traditionnels dans le maintien de l’agro-biodiversité.

Cependant, Agir Pour l’Environnement regrette vivement que la FAO n’ose pas aller jusqu’au nécessaire examen de conscience, et fasse l’impasse sur les causes politiques et économiques de la perte actuelle de biodiversité cultivée : dogme d’une agriculture standardisée dans le cadre de la mal nommée « révolution verte », emprise des multinationales des semences et des pesticides sur les règlementations nationales et transnationales... C’est pourtant bien la promotion systématique des variétés industrielles non-adaptées (avec leur cortège obligatoire d’engrais et de pesticides) qui est la première cause d’érosion de la biodiversité cultivée !

Pour Jacques Caplat, chargé de campagnes à Agir Pour l’Environnement, « il ne suffit pas de quelques mesures correctives a posteriori ; c’est toute la politique de la FAO qu’il faut remettre en cause. Ainsi, le rapport reconnaît le rôle majeur des paysans dans la conservation in situ … mais ne préconise qu’une meilleure coordination entre organismes institutionnels : au moment de passer à l’action, les paysans sont à peine cités comme des donneurs d’avis. Pourtant, des dispositifs de ’sélection participative’ peuvent parfaitement associer les paysans à toutes les étapes de la gestion des variétés végétales, voire leur donner les moyens de réaliser leur propre sélection. Quant aux ’banques de gènes’ comme celle implantée en Norvège, ce ne sont que des pis-aller sinon des outils d’appropriation de la biodiversité par les industriels, alors que le meilleur conservateur de la diversité agricole est l’immense réseau des communautés paysannes. Il est urgent de sortir les ’collections’ dans les champs pour que les variétés se remettent à co-évoluer avec leur environnement ! »

Même si elle reste partielle, cette prise de conscience de la FAO rend d’autant plus urgente l’intégration dans le droit français du Traité International sur les Ressources Phytogénétiques pour l’Alimentation et l’Agriculture (TIRPAA), qui reconnaît la contribution majeure des paysans à la biodiversité cultivée et leurs droits à utiliser leurs semences – faute de quoi la France restera une fois de plus à la traine en matière de gouvernance agricole et de respect de l’environnement.

Renseignements sur la campagne menée par Agir Pour l’Environnement, le Réseau Semences Paysannes et leurs 21 partenaires :
www.agirpourlenvironnement.org/campagnes/c32.htm

Le résumé du rapport de la FAO :
www.fao.org/fileadmin/templates/agphome/documents/PGR/SoW2/syntheticaccount/SoW2FRE.pdf

Source : Agir pour l’environnement, le 27 octobre 2010





[1Deuxième rapport sur l’état des ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture dans le monde, FAO, 2010.