La justice américaine vient d’interdire la culture d’une betterave OGM, aucune étude d’impact environnemental n’ayant été mené.

Aux Etats-Unis, un juge fédéral vient de déclarer illégale l’autorisation de culture d’une variété de betterave génétiquement modifiée, le gouvernement n’en ayant pas préalablement évalué l’impact environnemental. Cette décision pourrait conduire à l’interdiction de sa commercialisation. Et à toute une série de nouveaux procès...

Ces betteraves OGM, fruits des recherches biotechnologiques de Monsanto, sont imperméables au Roundup, ce qui permet aux agriculteurs d’épandre le maximum d’herbicides en prenant le minimum de risques. Elles ont été agréées en 2005 par le gouvernement, qui avait décrété que l’impact environnemental ne serait pas significatif, sans autre étude. Ces betteraves sont cultivées à grande échelle depuis 2008. Selon certaines études, elles représentent 95% des cultures de betterave sucrière plantées cette année.

Aucune étude sérieuse d’impact environnemental

Dans un arrêt publié lundi, rapporté par le New-York Times, le juge Jeffrey S. White de la Cour de San Francisco a déclaré que le Département de l’agriculture avait violé la loi fédérale en autorisant une culture pour laquelle aucune étude d’impact n’avait été menée. Cette décision fait écho à un autre jugement : il y a deux ans, un autre juge du même tribunal était arrivé aux mêmes conclusions pour une variété de luzerne génétiquement modifiée. Mais le juge avait ensuite été plus loin, interdisant toute mise en culture jusqu’à ce que le gouvernement rédige une (vraie) déclaration d’impact environnemental. Deux ans plus tard, il n’y a toujours pas d’évaluation et la luzerne n’est plus cultivée. Concernant la betterave, le juge n’a pas encore statué sur l’interdiction totale...

Vers une multiplication des procès...

"Nous nous attendons au même résultat que dans le cas de la luzerne" a déclaré Andrew Kimbrell, directeur exécutif du Centre de sécurité alimentaire, un groupe de défense qui s’était déjà impliqué dans le procès de la luzerne. "Cela va mettre un terme à presque toutes les nouvelles plantations et à la commercialisation car ce n’est plus une culture approuvée" a-t-il encore affirmé. Dans cette affaire, le Centre pour la sécurité alimentaire a été épaulé par de nombreuses organisations environnementales, par des agriculteurs et des associations de consommateurs. Silence radio du côté du gouvernement, qui prend le temps d’étudier en détails le jugement. Les syndicats d’agriculteurs ont déjà promis de faire appel de cette décision.

Source : Les mots ont un sens, octobre 2009