Pour le respect de la controverse scientifique et de l’expertise contradictoire
Soutien à Gilles-Eric Séralini et à ses co-auteurs

Nous vous invitons à signer la lettre de soutien au professeur Gilles-Eric Séralini et ses collègues - Joël Spiroux de Vendômois, Dominique Cellier - qui sont depuis quelques semaines la cible d’attaques et de pressions morales émanant d’une partie de la communauté scientifique, et qui vont jusqu’à remettre en question les conditions mêmes de leurs travaux de recherche (position académique, financements). Nous vous proposons ci-dessous deux formulaires de signatures - un formulaire réservé aux chercheurs académiques, pour mettre en avant un soutien interne à la communauté scientifique et un formulaire « grand public » pour rendre plus visible l’intérêt et le soutien de l’ensemble de la société civile.

Si vous êtes chercheur académique, merci designer ici

Si vous n’êtes pas chercheur, merci de signer ici.

Pour le respect de la controverse scientifique et de l’expertise contradictoire
Soutien à Gilles-Eric Séralini et à ses co-auteurs

La controverse entre chercheurs, organisée au sein de la communauté scientifique, est un des moteurs
essentiels de la construction des savoirs. Pour être reconnu, un résultat doit avoir résisté à toutes les
tentatives d’invalidation par les collègues.

Plus encore, lorsque des travaux scientifiques ont des conséquences sociales, économiques et politiques
importantes, la possibilité de développer ces postures critiques et de garantir les conditions d’une expertise
pluraliste, devient le garant d’un bon fonctionnement démocratique. Comment prendre les bonnes décisions
lorsque certaines voies de recherche sont systématiquement écartées, avant même d’avoir été sereinement
explorées ?

En matière d’étude de l’effet des plantes génétiquement modifiées sur la santé, ce respect de la controverse
scientifique n’est pourtant pas de mise. La grande majorité des chercheurs qui publient des résultats
suggérant des effets d’OGM jusqu’alors insoupçonnés (effets sur la santé ou sur l’environnement) est la cible
de campagnes de dénigrement provenant de membres influents de la communauté scientifique [1].

La France n’est pas en reste comme en témoigne la situation actuelle de Gilles-Eric Séralini, professeur de
biologie moléculaire à l’Université de Caen et co-directeur du Pôle pluridisciplinaire « Risques », spécialisé
dans l’étude des effets des pesticides et OGM sur la santé. GE Séralini et ses collègues ont mené des contreexpertises
de données fournies par Monsanto pour justifier de la commercialisation de 3 de ses maïs OGM
(MON 863, MON 810, NK 603). Leurs travaux remettent en question la capacité pour ces données de
démontrer formellement l’innocuité des trois maïs (suivi des rats trop court, puissance de l’analyse statistique
insuffisante). Contrairement aux analyses réalisées par la firme, les travaux de GE Séralini et de ses
collègues ont été soumis au processus d’évaluation critique par les pairs avant d’être publiés en 2007 et en
2009.

Ces résultats interrogeant le bien fondé des autorisations octroyées par la Commission Européenne sur
avis de l’Agence Européenne de Sécurité Alimentaire (EFSA) pour la consommation animale et humaine de
ces trois maïs, il n’est pas étonnant qu’ils aient suscité de vives réactions de Monsanto, de l’EFSA ou encore
de l’Office de contrôle des aliments d’Australie et de Nouvelle Zélande. Mais depuis quelques semaines, GE
Séralini est la cible d’attaques et de pressions morales émanant d’une partie de la communauté scientifique
(cf. verso), et qui vont jusqu’à remettre en question les conditions mêmes de ses travaux de recherche
(position académique, financements).

Nous, chercheurs signataires de ce texte, considérons qu’il est de notre responsabilité de maintenir les
conditions d’une controverse scientifique respectueuse et d’une expertise pluraliste sur des questions aussi
sensibles que celle des effets de la culture de plantes génétiquement modifiées. Nous condamnons la
démarche de nos collègues qui utilisent les armes de la décrédibilisation mensongère plutôt que le terrain de
la démonstration encadrée par les procédures en vigueur au sein de la communauté scientifique, à savoir des
expériences transparentes, indépendantes et reproductibles, soumises à une évaluation par des pairs.
Nous apportons tout notre soutien à GE Séralini et à ses co-auteurs.

Les travaux de GE Séralini et de ses collègues dans leur contexte
La publication « A Comparison of the Effects of Three GM Corn Varieties on Mammalian Health »
[Spiroux de Vendômois et al., Int. J. Bio. Sci., 2009, 5 : 706-726] dont GE Séralini est l’auteurcorrespondant
est une contre-expertise de données produites par Monsanto, dont la mise à disposition résulte
en partie d’une injonction judiciaire (le maintien de la confidentialité d’une partie des données a été jugé
illégal par un tribunal allemand). Ces données ont été obtenues sur des rats nourris pendant 3 mois avec les
trois maïs concernés. Cette contre-expertise ne prétend pas apporter la preuve de la toxicité chronique des
maïs concernés, comme les auteurs le reconnaissent, d’autant plus qu’elle s’appuie sur des données brutes de
Monsanto dont ils dénoncent justement l’insuffisance. Elle pointe néanmoins des signaux d’alerte pouvant
laisser craindre le développement d’une pathologie chronique, et réfute ainsi la capacité des données fournies
par Monsanto de démontrer formellement l’innocuité de ces trois maïs : suivi des rats est trop court , plan
d’expérience suivi ne confèrant pas une puissance suffisante à l’étude.
Les attaques dont GE Séralini fait l’objet
Parrainée par des chercheurs bien connus comme Claude Allègre et Axel Kahn, et présidée par Marc
Fellous, professeur de génétique et ancien président de la Commission du Génie Biomoléculaire [2],
l’Association Française des Biotechnologies Végétales (AFBV), a déclaré dans un communiqué de presse
daté du 14 décembre 2009, que « les travaux de G.-E. Séralini ont toujours été invalidés par la communauté
scientifique ». Ces allégations sont totalement mensongères. Tous ses travaux ont été publiés dans des revues
internationales à comité de lecture et donc évalués par les pairs. Aucun n’a jamais fait l’objet d’une
invalidation.

Suite à la participation de GE Séralini au Magazine de la Santé diffusé le 21 janvier dernier sur France 5,
l’AFBV a adressé deux courriers (datés du 26 et du 28 janvier) aux responsables de la chaîne et de
l’émission d’une part, et au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel d’autre part, dans lesquels GE Séralini est
présenté comme un « marchand de peurs » et un scientifique non reconnu. Il semble donc que les membres
de l’AFBV, se déclarant tous en faveur des PGM, agissent comme groupe de pression davantage que comme
experts scientifiques.

Enfin, en janvier 2009 et 2010, GE Séralini a réalisé des expertises pour la Cour Suprême de l’Inde et le
gouvernement indien sur les données brutes fournies par la Société Mahyco pour commercialiser une
nouvelle aubergine OGM produisant un insecticide. Sur la base de ces analyses, un moratoire a été décidé.
Depuis, GE Séralini fait l’objet d’attaques diffamatoires répétées, sans que leurs auteurs n’acceptent de se
soumettre au cadre de la controverse scientifique, encadrée notamment par le système des publications
scientifiques.

Contenu du dossier joint

- Article de Spiroux de Vendômois, et al. « A Comparison of the Effects of Three GM Corn Varieties on
Mammalian Health ». Int. J. Bio. Sci., 2009, 5 : 706-726

- Réponse de Monsanto à cette publication

- Avis du Comité Scientifique du Haut Conseil des Biotechnologies sur cette publication

- Avis de l’Office de contrôle des aliments d’Australie et de Nouvelle-Zélande (FSANZ) sur cette publication

- Avis de l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) sur cette publication

- Communiqué de presse de l’Association Française des Biotechnologies Végétales (AFBV) sur cette
publication

- Réponse des auteurs aux différentes critiques

Si vous souhaitez diffuser la lettre de soutien autour de vous, n’hésitez pas à utiliser le document pdf.

Vous trouverez ici le document annexe (2,9 Mo, en anglais) mentionné dans la lettre du soutien qui comprend la publication scientifique de Vendômois et al. de 2009, des commentaires de Monsanto et d’autres ainsi que la réponse du professeur Séralini et de ses collègues à ces différentes attaques.

Source : Fondation Sciences Citoyennes, Septembre 2010





[1Waltz E. Battlefield, Nature 2009. 461 :27-32

[2Commission gouvernementale chargée d’évaluer les OGM agricoles, dont GE Séralini a été membre de 1998 à 2007