Un éminent chercheur scientifique américain vient d’envoyer une "alerte urgente" au secrétaire américain pour l’agriculture, Tom Vilsack, à propos d’un nouvel agent pathogène trouvé dans les plantes de soja et de maïs RR, des OGM génétiquement modifiés pour tolérer l’herbicide ‘Roundup’ : cet agent pathogène peut être tenu pour responsable de taux élevés d’infertilité et d’avortements spontanés chez le bétail.

Une lettre ouverte a été publiée par ‘Farm and Ranch Freedom Alliance’, une organisation américaine fondée et dirigée par Judith McGeary pour la sauvegarde des fermes familiales aux Etats-Unis. La lettre, écrite par Don Huber, professeur émérite à l’Université Purdue, et adressée au secrétaire d’état à l’Agriculture, Tom Vilsack, met en garde contre un agent pathogène "nouveau pour la recherche scientifique", qui a été découvert par "une équipe de scientifiques chevronnés travaillant sur les plantes et sur les animaux".

Huber indique que ce sujet devrait être traité de toute urgence, car cet agent pathogène nouveau pourrait entraîner « un effondrement des marchés d’exportation du maïs et du soja à partir des États-Unis et des perturbations importantes dans les fournitures des denrées alimentaires pour les êtres humains et les animaux ».

La lettre semble avoir été écrite avant que le secrétaire d’état à l’Agriculture aux Etats-Unis, Tom Vilsack, n’ait annoncé sa décision d’autoriser sans restriction, le 1er Février 2011, la mise en culture commerciale de la luzerne génétiquement modifiée, dans l’espoir de convaincre le ministre de l’Agriculture d’imposer un moratoire au lieu d’une déréglementation concernant les plantes cultivées RR (Roundup Ready), des OGM présentant une tolérance à l’herbicide commercial ‘Roundup’.

Le nouvel agent pathogène semble être associé à de graves maladies qui sont omniprésentes dans les végétaux : le syndrome de mort subite chez le soja et le flétrissement de Goss chez le maïs, mais ses effets présumés sur les animaux d’élevage est alarmant.

Huber se réfère à "des rapports récents qui font état de taux d’infertilité de plus de 20% chez les génisses laitières, ainsi que d’avortements spontanés chez les bovins qui peuvent atteindre jusqu’à 45%".

Cela pourrait être le pire cauchemar résultant du génie génétique, contre lequel certains scientifiques - y compris moi-même - ont mis en garde depuis des années [1] : la création involontaire de nouveaux agents pathogènes par le biais de transfert horizontal de gènes et les recombinaisons.

Huber écrit en conclusion : « J’ai étudié les agents pathogènes des plantes depuis plus de 50 ans. Nous assistons actuellement à une tendance sans précédent de l’augmentation des maladies et des troubles chez les végétaux et les animaux.

Cet agent pathogène peut jouer un rôle dans la compréhension et la résolution de ce problème. Il mérite une attention immédiate avec des ressources financières importantes pour éviter un effondrement général de notre infrastructure agricole en situation critique ».

Source : Jill Richardson, La Vida Locavore, 18 février 2011

La lettre complète de Huber est reproduite ci-après.

Monsieur le Secrétaire Vilsack :

Une équipe de scientifiques confirmés, travaillant sur les végétaux et les animaux, ont récemment attiré mon attention sur la découverte en microscopie électronique d’un agent pathogène qui semble avoir un impact négatif significatif sur la santé des plantes, des animaux, et probablement sur les êtres humains.

Basé sur un examen minutieux des données disponibles, cet agent pathogène est très répandu, très grave, et il se trouve à des concentrations beaucoup plus élevées dans les plantes de soja et de maïs Roundup Ready (RR) [plantes génétiquement modifiées pour tolérer l’herbicide Rooundup’], ce qui suggère un lien avec le gène RR ou plus probablement avec la présence de l’herbicide Roundup. Cet organisme semble tout à fait NOUVEAU pour la recherche scientifique.

Cette information est très sensible : il pourrait en résulter un effondrement des marchés d’exportation du maïs et du soja américains, ainsi que des perturbations importantes dans la fourniture des denrées alimentaires nationales pour les êtres humains et pour les pour les animaux d’élevage. D’autre part, ce nouvel organisme pathogène peut déjà être tenu pour responsable de dommages significatifs (voir ci-dessous).

Mes collègues et moi-même sommes donc en train de recentrer et d’approfondir notre enquête, le plus rapidement possible et en toute discrétion ; nous sollicitons également l’assistance de l’USDA [le Ministère de l’Agricullture aux Etats-Unis] et d’autres institutions pour identifier la source, la prévalence, les conséquences et les remèdes, relativement à cet agent pathogène nouveau.

Nous informons l’USDA de nos conclusions à ce stade précoce, en particulier en raison de votre décision en suspens, concernant l’approbation et l’autorisation de la luzerne RR. Naturellement, si soit le gène RR, soit le Roundup lui-même, s’avérait être un promoteur ou un co-facteur de cet agent pathogène, alors une telle autorisation pourrait être une calamité. Sur la base des données actuelles, la seule action raisonnable en ce moment serait de retarder la déréglementation, au moins jusqu’à ce que suffisamment de données puissent, le cas échéant, mettre le système RR hors de cause.
Au cours des 40 dernières années, j’ai été un chercheur scientifique dans des organismes professionnels et militaires qui permettent d’évaluer et de préparer les menaces biologiques naturelles et artificielles, y compris la guerre bactériologique et l’apparition d’épidémies. Sur la base sur cette expérience actuelle, je crois que la menace à laquelle nous sommes confrontés avec cet agent pathogène est unique et que nous sommes face à une situation à haut risque. En termes simples, le sujet devrait être traité de toute urgence.
Un ensemble diversifié de chercheurs travaillant sur ce problème ont contribué à apporter diverses pièces du puzzle, qui présentent ainsi dans son ensemble les scénaris suivants qui sont inquiétants :

Des propriétés physiques tout à fait particulières

Cet organisme, jusque-là inconnu, n’est visible que sous un microscope électronique (36.000 X), avec une gamme de taille approximativement égale à celle d’un virus de taille moyenne. Il est capable de se reproduire et semble être un organisme qui ressemble à un champignon. Si c’était le cas, ce serait le premier de ces micro-champignons jamais identifiés auparavant. Il est manifeste que cet agent infectieux favorise les maladies des plantes et des mammifères, ce qui est en fait très rare.

Localisation et concentration de l’agent pathogène

Il est présent avec des concentrations élevées dans la farine de soja et le maïs Roundup Ready, dans la farine de distillateurs, et dans les aliments de fermentation pour animaux ; il est contenu dans l’estomac de porc, ainsi que dans les placentas de porcs et de bovins.

L’agent pathogène est lié à des flambées de maladies des plantes
L’organisme est prolifique dans les plantes infectées, notamment dans le cas de deux maladies qui sont omniprésentes et qui font baisser les rendements pour les agriculteurs : le syndrome de mort subite (SDS) chez le soja, et le flétrissement Goss chez le maïs. L’agent pathogène se retrouve également dans l’agent fongique Fusarium solani fsp du soja, qui est responsable du syndrome de mort subite chez cette espèce cultivée.

L’agent pathogène est impliqué dans l’insuffisance de la reproduction animale
Les tests de laboratoire ont confirmé la présence de cet organisme dans une grande variété d’animaux qui ont subi des avortements spontanés et qui présentent une infertilité. Les résultats préliminaires des recherches en cours ont également été en mesure de reproduire les avortements en milieu clinique.
L’agent pathogène peut expliquer la fréquence croissante des cas d’infertilité et des avortements spontanés observés aux Etats-Unis au cours des dernières années, chez les bovins, les vaches laitières, les porcs et les chevaux. Il s’agit notamment des rapports récents qui font mention des taux d’infertilité de plus de 20% chez les génisses laitières, et des avortements spontanés chez les bovins à des taux élevés qui atteignent jusqu’à 45%.
Par exemple, 450 des 1.000 génisses gestantes qui avait reçu comme nourriture du ‘wheatlage’ [plantes ensilées après broyage au champ], ont connu des avortements spontanés. Sur la même période, 1.000 autres génisses, provenant du même troupeau, qui avaient été élevées et nourries avec du foin, n’ont présenté aucun avortement. Des concentrations élevées de l’agent pathogène ont été confirmées dans le ‘wheatlege’, qui avait probablement été conduit selon des pratiques faisant appel au glyphosate pour la gestion des mauvaises herbes dans les cultures.
Recommandations

En résumé, en raison de la présence abondante de ce nouvel agent pathogène animal dans des OGM végétaux ‘Roundup Ready’, et de son association avec des maladies des plantes et des animaux qui atteignent des proportions épidémiques, nous demandons la participation de l’USDA dans une enquête et une recherche entre les diverses agences impliquées ; nous demandons également un moratoire immédiat sur la déréglementation des cultures de plantes génétiquement modifiées RR, jusqu’à ce que la relation de causalité ou une prédisposition avec le glyphosate et les plantes OGM RR puisse être écartée, comme une menace manifeste pour les productions végétales et animales, ainsi que pour la santé publique chez les êtres humains.

Il est urgent d’examiner si les effets secondaires de l’utilisation de glyphosate peuvent avoir facilité la croissance de ce pathogène, ou s’ils ont permis de causer plus de dommages et un affaiblissement chez les plantes et les animaux hôtes.

Il est bien connu et bien documenté que le glyphosate favorise les agents pathogènes du sol et qu’il est déjà impliqué dans l’augmentation de plus de 40 maladies des plantes : il déstabilise le mécanisme de défense des plantes par chélation des nutriments essentiels, et il réduit la biodisponibilité des nutriments dans les aliments, ce qui peut causer des troubles chez les animaux. Pour bien évaluer ces facteurs, nous demandons un accès aux données pertinentes disponibles au sein de l’USDA [Ministère de l’Agriculture des Etats-Unis].

J’ai étudié les agents pathogènes des plantes depuis plus de 50 ans. Nous assistons actuellement à une tendance sans précédent de l’augmentation des maladies et des troubles chez les végétaux et chez les animaux.
Cet agent pathogène peut jouer un rôle dans la compréhension et la résolution de ces problèmes. Il mérite une attention immédiate et des ressources financières importantes pour éviter un effondrement général de notre infrastructure agricole en situation critique.

Cordialement,

COL (retraité) Don M. Huber
Professeur émérite à l’Université Purdue
Coordinateur APS, USDA Système national de récupération des maladies des plantes (NPDRS)





[1Ho MW. Genetic Engineering Dream of Nightmare ? The Brave New World of Bad Science and Big Business, Third World Network, Gateway Books, MacMillan, Continuum, Penang, Malaysia, Bath, UK, Dublin, Ireland, New York, USA, 1998, 1999, 2007 (reprint with extended Introduction). http://www.i-sis.org.uk/genet.php