"Vos demandes nous sont bien parvenues, et font très largement écho à notre engagement historique pour un agriculture paysanne, locale et entièrement bio, contre les lobbys de l’agro-alimentaire et de l’agrochimie, et pour la transparence des processus d’autorisation des produits chimiques en Europe.

La question cardinale à nos yeux est celle de la dégradation du climat, puisqu’elle menace notre survie elle-même. Qu’attendent les dirigeants européens pour prendre à bras le corps le problème le plus urgent de notre temps ? Entre la voix des lobbies et le choix de l’écologie, il faut trancher. On ne peut pas en même temps détruire la planète et la sauver.

Nous sommes donc vigilant.e.s, mobilisé.e.s et déterminé.e.s à tout faire pour qu’en France et en Europe les choses changent. Les marches pour le climat et les mobilisations lycéennes à travers l’Europe et le monde montrent que la prise de conscience progresse. Une nouvelle génération réclame son droit à exister dans un monde vivable. Comment ne pas entendre son appel ? La génération climat qui se met en mouvement est celle qui sauvegardera l’avenir.

Face à un capitalisme prédateur des ressources naturelles, il est temps de poser des limites et de renverser les priorités. Nous voulons donner aux questions environnementales une force normative qui détermine toute l’action politique et les choix de l’UE. Voilà pourquoi nous défendons l’idée d’un traité environnemental européen, qui fera de l’écologie la norme juridique supérieure et tournera le dos à la logique productiviste des anciens traités. Pour changer les règles du jeu face aux industries polluantes et leurs lobbies, la question environnementale doit être prioritaire.

En complément, deux documents pour aller plus loin dans le détail des propositions que nous portons contre l’influence des lobbies et pour l’environnement :

Pour sauver le climat, nous avons un plan d’action en 5 ans via 5 leviers, consultable en ligne : https://www.pourleclimat.eu/s/Plan-daction-des-ecologistes-Europeenne-2019.pdf
Pour changer de modèle agricole, nous avons un livret dédié : https://www.pourleclimat.eu/blog-actualites/changer-de-modele-agricole

Vous trouverez les réponses de la liste Europe Écologie à vos questions ci-dessous :

1/ Nous vous demandons de soutenir une réforme radicale de la PAC pour mettre en place une agriculture respectueuse de la biodiversité et de la santé des personnes.

Oui.

La question agricole n’a pas la place qu’elle mérite dans le débat public. Elle est pourtant au croisement des grands enjeux actuels, climatiques, écologiques, sociaux et sanitaires, qui affectent le cadre de vie et l’alimentation de chacun.e. Elle pèse sur la gestion et l’aménagement des territoires, sur nos modes de vie, notre alimentation… Les ravages de l’industrialisation, le désespoir d’un monde paysan laissé à l’abandon, la surproduction et le chantage à la vie chère doivent laisser place à un nouveau modèle permettant au consommateur de se nourrir correctement, au producteur de vivre convenablement de son travail, à l’environnement d’être préservé, et à la terre et à la Terre de conserver ses capacités à produire aujourd’hui et demain pour les générations futures.

Pour refonder une Politique Agricole et Alimentaire Commune, les écologistes s’appuieront sur la réforme européenne pour la période 2021-2027. Ils passeront un nouveau contrat entre agriculture et société. Cette Politique Agricole ET Alimentaire Commune permettra de nourrir l’Europe en respectant l’environnement et accompagnera la production vers une alimentation de qualité au bénéfice d’agriculteurs dûment rémunérés.

Nous voulons une alimentation saine pour toutes et tous. Engrais, pesticides, élevage intensif, monocultures, dégradation des eaux et des sols, perte de biodiversité, désertification, risques sanitaires… Nous voulons une politique alimentaire et agricole commune, qui s’appuie sur des objectifs nouveaux. Les citoyen-nes ont le droit d’être traités convenablement et que soit respectée la possibilité pour chacun-e de se nourrir dignement avec des aliments sains.

Nous voulons une Europe 100% bio et locale. Nous défendons une agriculture de qualité, respectueuse des territoires et des animaux, des produits locaux, saisonniers, de qualité et accessibles, une Union européenne qui s’appuie sur ses régions pour viser une agriculture 100% bio et locale avec une première échéance à 30% en 2025, l’interdiction des pesticides et de tous les OGM.

Nous voulons favoriser l’alimentation locale, avec la généralisation des plans alimentaires territoriaux, des journées européennes végétariennes et bio dans les cantines scolaires et la restauration collective, le retrait des aides de la PAC en cas d’exportation et l’instauration d’un conditionnement des aides à un critère territorial pour relocaliser l’agriculture.

Nous voulons plus d’emplois paysans, mieux rémunérés. Nous voulons la juste rémunération des agriculteurs, des paysans, avec une aide plancher revalorisée (triplement des aides aux 52 premiers hectares, doublé d’un bonus indexé sur les emplois créés) et un plafond de versement pour les grosses exploitations.
Nous voulons une agriculture paysanne, dans laquelle les premiers concernés participent aux comités régionaux des fonds PAAC européens.
Nous voulons une agriculture du vivant, qui encourage l’agroforesterie, favorise les protéines végétales et tourne le dos à l’exploitation animale avec une sortie progressive des fonds des exploitations ayant des pratiques de maltraitance (castration sans étourdissement, élevage de poules en cage, broyage des poussins...).
Nous voulons l’interdiction des fermes-usines, et la fin des grands centres commerciaux qui consument les terres et épuisent l’économie locale.

2/ Nous vous demandons de voter le non-renouvellement de l’autorisation du glyphosate dans l’Union européenne en 2022 et, dès 2020, de soutenir un plan d’accompagnement pour une sortie progressive des pesticides de synthèse.

Oui.

Les écologistes ont toujours voté contre l’autorisation des pesticides chimiques (dont le glyphosate) et l’empoisonnement des citoyens, et pour la protection des citoyens contre la chimie ainsi que la transparence.

Depuis des années, les écologistes interpellent la Commission sur la dangerosité du glyphosate et agissent au Parlement. Ils se sont emparés du sujet pour le mettre à l’ordre du jour de l’Union en mobilisant toutes les forces politiques et ont été prescripteurs en la matière, ce qui a permis de divulguer les pratiques d’empoisonnement de l’industrie chimique et de lobbying anti-démocratique de Monsanto.

Nous voulons aller plus loin et mettre en œuvre un principe de sobriété d’exposition aux produits toxiques. Pesticides, perturbateurs endocriniens, diesel, nucléaire, métaux lourds ou déchets dangereux, l’Europe est polluée, et contribue à polluer le monde en envoyant ses déchets toxiques hors frontières. Les lobbies, trop souvent associés aux intérêts nationaux, entravent la transparence de l’expertise sanitaire et influent sur les décisions politiques. Nos sols, nos eaux, notre alimentation, notre air sont pollués, alors même que nous pouvons garantir une Europe saine pour chacun.e. Mais la nature contient aussi parfois des produits aux effets toxiques, ce que nous voulons limiter, c’est l’exposition générale tout au long de la vie, car c’est d’elle que vient le danger. La seule réglementation produit par produit n’est donc pas suffisante pour réguler l’exposition.

3/ Nous demandons que les procédures d’évaluation des risques pour les autorisations de mise sur le marché des produits de synthèse liés à l’agriculture soient menées selon des critères définis par des agences européennes indépendantes et protégées de tout conflit d’intérêt avec les industriels du secteur agrochimique

Oui.

Grâce aux écologistes, le Parlement européen a adopté en 2019 un rapport qui encadre toutes les autorisations de mise sur le marché des pesticides (dont le glyphosate). Ce travail au sein de la commission PEST visait à durcir les procédures d’autorisation et de renouvellement de tous les pesticides chimiques en exigeant notamment la publication de l’ensemble des études qui sont utilisées par les différentes agences européennes pour arbitrer.

En 2017, les députés écologistes dénoncent, par une plainte contre l’EFSA, les entraves à l’accès aux études de toxicité et de cancérogénicité du glyphosate dans le cadre de la procédure de renouvellement de l’autorisation par l’EFSA. Cette plainte contre l’EFSA (l’Agence européenne de la sécurité des aliments) déposée devant la Cour de justice européenne se traduit par une victoire des écologistes mais aussi de la transparence, essentielle pour le travail des scientifiques. La reproduction des résultats, l’examen par des pairs et la publication n’ayant jusqu’ici pas été possibles pour les études protégées par le secret commercial de Monsanto ou de Cheminova alors qu’elles fondent l’évaluation sur le glyphosate de l’EFSA. L’EFSA pourra aussi utiliser ce jugement pour se protéger contre les menaces de procès des firmes lorsqu’il s’agira à l’avenir de dévoiler le contenu d’autres études scientifiques.

Pour aller plus loin dans la prochaine mandature, nous voulons notamment créer des agences d’expertise indépendantes et européennes sur les questions sanitaires et les risques environnementaux, nous aurons les moyens d’encadrer ces pesticides qui tuent la biodiversité et les humains et de changer durablement de système.

Nous voulons interdire les substances et techniques dangereuses mais également leur importation, ainsi que tout soutien financier pouvant leur être apporté par les organismes publics européens.

Pour empêcher plus globalement les lobbies de continuer leur travail de destruction de l’intérêt collectif au bénéfice de quelques-uns, nous voulons instaurer une Haute Autorité de la transparence. Conflits d’intérêts, opacité, pantouflage, trafic d’influence… L’accès à l’information et la prise de décision sont sévèrement menacés par les lobbies de même que la protection de celles et ceux qui agissent dans l’intérêt général en révélant fraudes, malversations et crimes. Nous proposons de créer une Haute Autorité européenne de la Transparence garantissant l’indépendance des institutions, des agents publics et des élu.e.s vis-à-vis des intérêts privés et l’accès du public aux documents. Il est nécessaire d’abroger la directive sur le secret des affaires et d’adopter une protection européenne des lanceurs.euses d’alerte et des associations œuvrant pour l’intérêt général."