Combat Monsanto a participé au Forum Alternatif Mondial de l’Eau qui s’est déroulé à Marseille du 14 au 17 mars 2012.

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Qu’est-ce que le Forum Alternatif Mondial de l’Eau ?

Pourquoi organiser un Forum Alternatif Mondial de l’Eau (FAME) alors que se tenait pour la 6e fois un Forum Mondial de l’Eau, organisé par le Conseil Mondial de l’Eau, se présentant comme « une plate-forme multilatérale … à l’initiative des organisations internationales et des spécialistes du secteur de l’eau reconnus à travers la planète, dans l’intention de résoudre les problèmes liés à l’eau » ?

Peut-être parce que cette association de loi 1901, s’affichant comme une honorable organisation à but quasi-humanitaire, n’est autre qu’un faux-nez regroupant les principales multinationales de l’eau. Elle a pour président Loïc Fauchon, directeur du fleuron français Véolia, la première multinationale de l’eau.

Tous les 3 ans, le Conseil Mondial de l’Eau réunit le « Forum Mondial de l’Eau » qui s’octroie la tâche de fixer les recommandations pour la gouvernance mondiale de l’eau. Il se déroulait cette année à Marseille.

En réponse à cette énième accaparement par des intérêts privés de problématiques vitales, s’est tenu le Forum Alternatif Mondial de l’Eau, afin de mettre au grand jour l’illégitimité de cet organe, et de donner à la question majeure de l’eau le cadre démocratique qu’il mérite. Des citoyens et organisations du monde entier se sont retrouvés pour témoigner, proposer et élaborer collectivement des modèles démocratiques de gouvernance de l’eau.

Combat Monsanto était présent, aux côtés deLa Via Campesina et de nombreux partenaires français et internationaux, afin d’aborder la problématique de l’eau sous l’angle de la souveraineté alimentaire.

Qu’est-ce que la souveraineté alimentaire ?

La Via Campesina a porté le concept de « souveraineté alimentaire » à partir de 1996 au sommet de l’alimentation à Rome en riposte à l’inclusion de l’agriculture dans l’OMC lors des accords de Marrakech. C’est depuis lors devenu un concept vital reflétant les pratiques de communautés dans le monde entier.

La souveraineté alimentaire est le droit des populations à avoir une alimentation saine qui leur soit culturellement adaptée et produite grâce à des méthodes écologiques et durables. C’est leur droit à définir leur alimentation et leurs systèmes de production.

La souveraineté alimentaire met au cœur des systèmes de production et des politiques, les aspirations et les besoins de ceux qui produisent, distribuent et consomment les aliments, au lieu d’y mettre la demande du marché et des multinationales. Elle défend les intérêts et l’inclusion de la prochaine génération.

Elle offre une alternative à l’actuel régime commercial et alimentaire, et promeut des systèmes alimentaires, agricoles, pastoraux et piscicoles qui sont déterminés par les producteurs locaux. La souveraineté alimentaire donne la priorité aux économies et aux marchés locaux et nationaux.

Elle redonne du pouvoir aux paysans et aux familles qui tirent leurs revenus de l’agriculture, de la pêche artisanale, du pastoralisme, de la production, de la distribution et de la consommation d’aliments produits de manière durable. [1]

Quel sont les liens entre la question de l’eau et celle de la souveraineté alimentaire ?

Le droit d’accès à l’eau est une des conditions préalables à la réalisation de la souveraineté alimentaire, au même titre que le droit d’accès à la terre et le droit d’accès à des semences adaptées. Ce sont des droits collectifs inaliénables, pourtant soumis à de graves atteintes. Les nombreux témoignages des intervenants venus du monde entier pour le FAME ont fait ressortir le constat suivant : ces éléments vitaux (eau, terre, semences) sont soumis aux mêmes menaces, perpétuées par les mêmes acteurs (Etats et multinationales), affectant les mêmes victimes (les populations locales). En voici quelques exemples :

❶ L’accaparement des ressources

a) L’accaparement des terres irriguées

Ce phénomène fut pointé à partir de 2008 par l’ONG GRAIN. Il s’agit de l’acquisition à long terme (30 à 99 ans) par des Etats ou des sociétés, de larges étendues de terre sur des territoires étrangers, pour y effectuer des cultures vouées à l’exportation.

Des terres destinées aux cultures vivrières, indispensables à la souveraineté alimentaire des populations locales, sont ainsi appropriées par des puissances étrangères pour produire des agrocarburants, du soja pour l’Europe ou encore pour y implanter des projets de compensation carbone ou d’ « agriculture intelligente face au climat ». [2] Cet accaparement de terres va de paire avec un accaparement de l’eau, puisque les meilleures terres sont celles qui sont irriguées et donc toujours situées près de rivières ou de points d’eau.

En 2008, la crise financière a poussé les investisseurs à se replier sur des secteurs stables . Les produits alimentaires et les terres ont alors été identifiés comme des biens sûrs dans lesquels investir et sont devenus des marchandises. Selon les chiffres de la Banque Mondiale, 56 millions d’Ha ont été accaparés ces 4 dernières années, soit l’équivalent de 2 fois la taille du Royaume-Uni. Ce phénomène est particulièrement intense sur le continent africain et tend à s’accélérer.

Les acteurs de cette affaire sont tripartites :
- On trouve des Etat qui cherchent à assurer leur sécurité alimentaire (ex : Les Etats du Golfe, la Chine, le Japon...)
- Les multinationales de l’agribusiness et les fonds d’investissements
- Les agences multilatérales telles que les banques de développement

Les conséquences de cet accaparement de la terre et de l’eau sont dramatiques. Les droits des communautés locales sont bafoués, puisque l’on considère ces espaces comme “vides” (terra nullae). Les populations sont alors déplacées et relogées vers des régions plus pauvres et plus sèches. Les éleveurs traditionnels sont forcés à la sédentarisation, les pêcheurs perdent leurs milieux de vie et les routes de migration sauvages sont bloquées. On y voit l’apparition de méga-monocultures et une augmentation des tensions géopolitiques dues à l’impact des utilisateurs en amont sur ceux situés en aval.

b) L’accaparement des semences

Concernant les semences le même phénomène d’accaparement et de privatisation de droits collectifs se traduit par l’explosion des droits de propriété intellectuels détenus par les obtenteurs (les grands semenciers) sur ces dernières. Depuis les Accords sur les Droits de Propriété Intellectuels qui touchent au Commerce (ADPIC) de 1994 adoptés au sein de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), les pays membres sont obligés d’intégrer dans leurs législations nationales la possibilité de « protéger » les obtentions végétales.

Il s’agit donc de brevets et /ou de certificats d’obtentions végétales, qui vont octroyer à leurs détenteurs un monopole d’exploitation. Les semences, sélectionnées depuis des millénaires par le travail des paysans et des communautés locales, se trouvent ainsi dans les mains de quelques acteurs privés.

Ces droits de propriétés vont de paires avec un système de catalogue officiel, sur lequel figurent les variétés autorisées à la vente. Les paysans se voient d’un côté empêchés de développer leurs propres variétés paysannes locales, adaptées (et donc résistantes), indispensables à la conservation de biodiversité et à la souveraineté alimentaire. De l’autre ils sont forcés d’acheter les variétés soi-disant développées par les obtenteurs et de leurs verser des royalties s’ils souhaitent ressemer une partie de leur propre récolte.

❷ La pollution par les méthodes de l’agriculture industrielle

Ici encore les problématiques de l’eau, du sol et des semences sont intrinsèquement liées.

a) Une pollution inhérente au modèle agricole industriel

Le modèle dominant de l’agriculture industrielle comprend l’utilisation d’outils technologiques coûteux en termes économiques, sociaux et environnementaux. Nous parlons ici des intrants chimiques tels que les engrais et les pesticides, qui demandent une utilisation croissante à mesure que les sols s’appauvrissent sous le coup des monocultures intensives.

Les semences Génétiquement Modifiées (GM) ont été présentées par l’industrie comme étant une solution pour réduire l’utilisation de pesticides. Cependant, il existe des plantes de GM de 2 types : celles qui produisent leur propre insecticide, et celles conçues pour être résistantes à un herbicide systémique non sélectif, tel que le Round Up de Monsanto. Les bénéfices sont donc doubles pour la multinationale qui vend à la fois les semences et l’herbicide auquel elles résistent. Ainsi, loin de réduire l’utilisation des pesticides, le développement du couple OGM-Round Up a conduit à une augmentation de l’utilisation d’herbicide.

b) Une pollution massive des cours d’eau

Selon une étude du CNRS : « tous les pesticides épandus ne remplissent pas leur emploi. Une grande partie d’entre eux est dispersée dans l’atmosphère, soit lors de leur application, soit par évaporation ou par envol à partir des plantes ou des sols sur lesquels ils ont été répandus. Disséminés par le vent et parfois loin de leur lieu d’épandage, ils retombent avec les pluies directement sur les plans d’eau et sur les sols d’où ils sont ensuite drainés jusque dans les milieux aquatiques par les eaux de pluie (ruissellement et infiltration). Les pesticides sont ainsi aujourd’hui à l’origine d’une pollution diffuse qui contamine toutes les eaux continentales : cours d’eau, eaux souterraines et zones littorales. » [3]

D’après l’Institut Français de l’environnement (IFEN) on trouve des résidus de pesticides dans 96% des eaux superficielles et dans 61% des eaux souterraines en France analysées . Sur environ 400 substances recherchées, 201 ont été mises en évidence dans les eaux de surface et 123 dans les eaux souterraines. Les herbicides sont les composés les plus retrouvés dans les eaux. [4]

Une récente étude du bureau de recherche géologique américain indique que le glyphosate (substance active du Round Up) a été détecté dans tous les échantillons d’eau prélevés dans les rivières du Mississipi au cours des deux années d’étude, et dans presque tous les échantillons d’air.

Une citoyenne espagnole a pris la parole lors de l’atelier sur l’eau et la sécurité alimentaire pour exposer la situation de son village dans lequel l’eau n’est plus potable en raison de fortes quantités de nitrates. Selon elle, la situation serait similaire dans la moitié des villages espagnols.

❸ Les fausses solutions et celle de l’eau virtuelle

Il est à présent peu d’individus ou d’entités pour nier l’existence et l’ampleur de la crise écologique. En revanche, nombreuses sont les fausses solutions développées pour y remédier. Basées sur les mécanismes nous ayant conduit à la crise écologique, économique et démocratique globale, ces options s’inscrivent dans le cadre néo-libéral et s’appuient sur la marchandisation du Vivant. Il s’agit par exemple des mécanismes de compensation du carbone contre le réchauffement climatique, des marchés de la biodiversité ou encore de l’eau virtuelle.

a) Le concept d’eau virtuelle

L’eau virtuelle est un concept élaboré dans les années 1990 visant à reconnaître l’eau comme facteur de production. Il s’agit de la quantité d’eau nécessaire à la production d’un bien. Par exemple, 1 tonne de céréales équivaut à 1000 m3 . Ce concept a conduit à l’introduction du facteur eau dans le commerce international. Il devient alors possible de calculer l’ « empreinte eau », qui est définie comme le volume total d’eau douce nécessaire pour la production de marchandises et services consommé par l’individu, la communauté, ou produit par le commerce.

Au niveau du commerce international, la circulation d’eau virtuelle liée aux récoltes (695 km3 par an) et aux produits animaux (245 km3 par an) atteint un total de 940 km3 par an. Les échanges sous forme d’eau virtuelle représentent pour la fourchette haute, 26% de l’eau virtuelle totale à l’échelle mondiale. L’eau virtuelle est bien un enjeu stratégique dans les échanges internationaux.

Selon le FME=81&cHash=4495f76903c468e490481a1951fe657a], le calcul de l’empreinte eau « permet d’envisager de nouvelles opportunités de compenser le déséquilibre géographique de la répartition de l’eau à la surface du globe. L’analyse de la balance « importation/exportation d’eau virtuelle » conduirait les pays en situation de stress hydrique à limiter les exportations de denrées mobilisant de grandes quantités d’eau lors de la production pour limiter l’impact global sur la ressource. L’exportation de biens à forte composante en eau depuis les pays naturellement mieux dotés en eau permettrait un apport virtuel d’eau vers les pays en situation de stress hydrique ».

Il s’agit d’une stratégie où la disponibilité (ou la rareté) de l’eau serait un facteur déterminant des échanges commerciaux. Le commerce de l’eau virtuelle selon cette théorie permettrait de répondre aux pénuries locales, de prévenir des conflits et les guerres de l’eau, et d’assurer la sécurité alimentaire.

b) Les limites du concept d’eau virtuelle comme outil de gestion

Cependant, comme l’a présenté Marie-Lou Benoît du M’PEP, l’utilisation de l’eau virtuelle comme un outil de gestion est remise en cause.

Il existe en effet une main-mise sur le concept d’« empreinte eau » par plusieurs organisations mondiales telles que l’Unesco, le WWF, l’International Finance Corporation (filiale de la Banque Mondiale) ou encore le World Business Council for Sustainable Development. Il s’est ainsi créé le Réseau Empreinte Eau (Water Footprint Network), défini par Marie-Lou Benoît comme un outil au service de la mondialisation et du capitalisme vert. Ce système illustre la vision de Joe Hennan, porte parole de l’Union Européenne, qui avait déclaré que « l’eau est une marchandise comme une autre ». L’eau est en passe de devenir, au même titre que le carbone ou la biodiversité, un enjeu à gérer pour les organisations privées.

La rareté de l’eau dans les échanges agricoles internationaux est peu évoquée et la gestion de l’eau virtuelle n’est pas appliquée dans les faits. En effet les pays exportateurs (comme les USA) conservent une agriculture fortement subventionnée ‏tandis que pour les pays importateurs (ex. Japon, Corée) qui vivent sans pénurie d’eau, le problème n’est pas la rareté de l’eau mais celle des terres agricoles.

Ce mécanisme accentue le pouvoir des multinationales alimentaires qui peuvent agir sur les prix en gardant de gigantesques stocks. Il met également des pays en situation de dépendance , créant le risque de voir l’utilisation d’embargo alimentaire comme arme politique. Le Sénégal est par exemple dépendant des importations de riz.

Enfin, l’utilisation du concept d’eau virtuelle dans le commerce international comme outil de gestion de la ressource en eau, ne garantit pas un réel contrôle de l’utilisation de l’eau libérée par les importations. Cette eau libérée n’est pas forcément utilisée pour améliorer la situation des populations ou protéger les écosystèmes mais est mise au service d’autres activités commerciales. Le cas de l’Indonésie en situation de stress hydrique mais où l’on continue d’arroser les terrains de golfs pour les touristes en est une illustration.

Cet outil de gestion ne règle donc pas les problèmes de pénuries et d’inégalités, et est peu appliqué dans la mesure où le marché n’est accessible qu’à ceux qui disposent des ressources financières. Il n’a d’intérêt que dans le cadre d’une reconnaissance préalable que l’eau est destinée en priorité aux besoins de base de la population et des écosystèmes, comme l’affirme la résolution des Nations Unies du 29 juillet 2011 énonçant ainsi un« droit fondamental à une eau potable salubre et propre ».

❹ La souveraineté alimentaire et le rôle des multinationales

Combat Monsanto a également participé à un atelier sur l’eau et les multinationales. Les intervenants ont exposé divers exemples d’accès direct des multinationales à la décision publique, et ont décrypté les mécanismes récurrents de cette capture de la décision publique, portant atteinte à l’intérêt général au profit d’intérêts privés.

Combat Monsanto a ainsi pu alimenter le débat avec sa connaissance du « système Monsanto ». Quel que soit le secteur, les méthodes sont les mêmes : infiltrations des administrations et de la recherche, corruption, menaces de délocalisation, conflits d’intérêts, discréditation des lanceurs d’alertes, ententes illégales (avec par exemple le cartel de l’eau Véolia, Suez et La Saur)...

Le capitalisme d’Etat et d’institutions supranationales telles que la Banque Mondiale favorise cette mainmise de l’industrie sur les décisions publiques, à travers le développement d’accords de libre-échange, d’ouverture forcée à la concurrence et de privatisation des ressources comme condition de prêts.

On retrouve également les mêmes multinationales agissant dans différents secteurs. Le Mouvement des Amis de l’Eau au Brésil a ainsi exposé l’affaire de la multinationale agroalimentaire Nestlé [5] , qui ayant repris Perrier-Vittel, a amplifié le pompage de l’eau dans le parc d’eau thermale dans la ville de Sao Lourenço au Brésil, au point de tarir définitivement la source thermale.

Le Mouvement a alors entamé une mobilisation conjointe avec ATTAC Suisse, qui était également en conflit avec Nestlé au sujet d’un accaparement de la ressource en eau d’une commune. Nestlé n’a pas hésité à embaucher un agent d’une société privée de surveillance afin d’infiltrer l’association ATTAC, qui a poursuivi la multinationale en justice. [6] Ces méthodes d’espionnage des groupes résistants aux exactions des multinationales sont également employées par Monsanto. [7]

Partant du constat commun de l’intensification de la capture de la décision publique par quelques acteurs privés, utilisant les mêmes méthodes agressives et opaques, Combat Monsanto s’est allié à diverses organisations françaises travaillant à un meilleur encadrement du lobbying et de la transparence, à l’image de notre partenaire européen ALTER-EU.

CONCLUSION

La participation de Combat Monsanto au FAME 2012 a permis de renforcer notre compréhension du caractère inter-dépendant des différentes problématiques : accès à l’eau, accès à la terre, accès aux semences ; la défense de ces droits collectifs fondamentaux converge vers une lutte plus globale pour la souveraineté alimentaire.

Les réponses à ces problématiques se recoupent alors, avec par exemple :
- Le développement d’ une agriculture paysanne et biologique capable d’alimenter la planète tout en préservant l’environnement et la biodiversité,
- L’encadrement strict des activités des entreprises notamment en terme de responsabilité sociale et environnementale
- La sortie des ressources naturelles et vitales des arcanes du commerce international
- La reprise du pouvoir des citoyens sur la décision publique à travers la transparence, l’information et le respect de leur consentement libre et éclairé

Combat Monsanto, avril 2012.





[2La Banque mondiale, la FAO, les centres de recherches du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI) encouragent le concept “d’agriculture intelligente face au changement climatique” (climate-smart agriculture, CSA), qui selon eux inclut des pratiques qui vont augmenter la productivité afin d’assurer la sécurité alimentaire, qui vont augmenter la résistance donc l’adaptation au changement climatique et qui vont séquestrer des émissions de gaz à effet de serre. Cette approche s’inscrit cependant toujours dans le cadre d’une marchandisation de la nature, n’exclut pas l’utilisation des biotechnologies et pourraient changer des fermes en projets de compensation carbone.