Communiqué de presse de La Via Campesina ∕ GRAIN ∕ ETC

(Harare, 23 septembre 2013) La Via Campesina, GRAIN et ETC saluent un nouveau rapport de la CNUCED qui déclare que l’agriculture, dans les pays riches comme dans les pays pauvres, devrait effectuer une transition des monocultures vers une plus grande diversité de cultures.

Une diminution de l’usage des engrais et des autres intrants, un soutien renforcé aux petites structures agricoles, une production et une consommation alimentaires relocalisées y sont aussi prônés. Plus de 60 experts internationaux ont contribué à ce rapport, publié la semaine dernière.

Le rapport sur le commerce et l’environnement 2013 de la CNUCED ("Wake up before it is too late : make agriculture truly sustainable now for food security in a changing climate") affirme que les monocultures et les méthodes agricoles industrielles ne fournissent pas assez de nourriture abordable là où celle-ci est nécessaire, tout en causant des dommages environnementaux croissants et non viables.

Soit rien d’autre que la ligne d’argumentation que Via Campesina, GRAIN et le groupe ETC défendent depuis plus de vingt ans
 [1]
. Ces organismes ont contribué à la rédaction de certains des chapitres du rapport CNUCED et ils ont désormais formé un partenariat visant à faire progresser l’agroécologie et l’agriculture paysanne en tant qu’alternatives. [2]

Ces dernières années, nous avons vu paraître un flux régulier de rapports de haut niveau émanant du système des Nations unies et d’agences de développement qui plaident en faveur des petits agriculteurs et de l’agroécologie. De toute évidence, la reconnaissance internationale du fait qu’il s’agisse là du seul moyen pour résoudre la crise alimentaire et climatique avance, mais cela ne s’est pas encore traduit par des mesures réelles sur le terrain, où les paysans sont confrontés à toujours plus de marginalisation et d’oppression.

« Bien avant la parution de ce rapport, les petits agriculteurs du monde entier étaient déjà convaincus qu’il nous faut absolument une agriculture diversifiée pour garantir une production alimentaire locale équilibrée, défendre les moyens de subsistances des gens et respecter la nature. Pour atteindre cet objectif, il est primordial de protéger l’immense diversité des semences locales, ainsi que les droits qu’ont les paysans sur leur utilisation. En tant que petits agriculteurs, nous nous battons pour préserver nos semences autochtones et notre connaissance des systèmes agricoles » dit Elizabeth Mpofu, coordinatrice générale de La Via Campesina.

De plus en plus d’indices prouvent que le système alimentaire industriel est non seulement incapable de nourrir la planète, mais également que certaines des crises sociales et environnementales mondiales les plus urgentes lui incombent. « Le système alimentaire industriel est directement responsable d’à peu près la moitié des émissions globales de gaz à effet de serre, comme le démontre notre contribution au rapport CNUCED, » explique Henk Hobbelink, de GRAIN. « Nous ne résoudrons pas la crise climatique sans nous confronter au système alimentaire industriel et aux grands groupes qui l’étayent. Nous devons plutôt nous tourner vers une agroécologie paysanne. »

Et Pat Mooney, du groupe ETC, d’ajouter : « La chaîne alimentaire industrielle utilise entre 70 et 80 % des terres arables mondiales pour ne produire que 30 à 40 % des aliments que nous mangeons. Pendant ce temps, les paysans, les vrais producteurs alimentaires, sont dessaisis de leurs terres, et de considérables préjudices écologiques en résultent. Il est clair que ce n’est pas comme cela que nous nourrirons la planète. »

Il est temps de traduire les documents politiques en actions véritables et les gouvernements, à tous les niveaux (des pouvoirs publics locaux aux organes internationaux) sont responsables de la prise des bonnes décisions à cet égard. Nous invitons la communauté internationale à nous rejoindre dans la lutte pour la souveraineté, à résister à la mainmise des grandes entreprises sur notre système alimentaire, et à soutenir l’alimentation mondiale par les paysans, les paysannes et autres petits producteurs alimentaires.

Le rapport ici

Source : La Via Campesina, le 23 sept 2013