Christophe Morin / IP3

On se souvient du coup de gueule de Nathalie Kosciusko-Morizet lors du débat sur les OGM à l’Assemblée nationale, au mois d’avril 2008. S’exprimant dans le Monde, la secrétaire d’État à l’Écologie avait parlé de « concours de lâcheté et d’inélégance » à propos de l’accord passé entre Jean-Louis Borloo, son ministre de tutelle, et Jean-François Copé, président du groupe UMP, pour retoquer un amendement qu’elle avait soutenu.

Double langage

Sommée de retirer ses paroles par François Fillon et Nicolas Sarkozy, sous peine d’éviction du gouvernement, NKM avait présenté ses excuses aux intéressés. Cette fois, c’est Brune Poirson, secrétaire d’État à la Transition écologique, qui s’exprime sur Europe 1 à propos du vote, par la majorité En marche, vendredi 15 mars, d’un amendement repoussant de 2022 à 2025 l’interdiction de produire sur le sol français des pesticides destinés à l’exportation. « C’est une décision qui s’explique, mais c’est une décision que je regrette », dit-elle. Et d’ajouter : « Je la regrette d’autant plus que ça m’exaspère. Ça m’énerve, car c’est ce point noir-là que nos oppositions vont utiliser pour faire croire que nous ne faisons rien sur les questions climatiques en France alors que nous faisons énormément. » Présenté comme un « compromis » par Roland Lescure, président LREM de la commission des Affaires économiques, ce vote était salué par Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État à l’Économie, alors que le désarroi voilé de Brune Poirson dissimulait à peine sa colère.

Double langage d’un pouvoir érigeant l’effet d’annonce en gouvernance, aggravé par cette humiliation parlementaire qui veut que, lorsque l’exécutif ne souhaite pas tenir une promesse électorale, sa majorité godillot la torpille par voie législative.

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Périco Légasse