L’herbicide le plus vendu au monde, le fameux Roundup fait parler de lui. Des irrégularités ont été soulevées par le MDRGF, le mouvement pour le droit et le respect des Générations futures et par Jacques Maret, paysan biologique de Charente.

Un ingrédient, le POEA (polyoxyéthilène aminé) une substance active potentiellement dangereuse est au menu de plusieurs types de Roundup mais pas sur les autorisations de mise sur le marché (AMM).

Par conséquent, ces lanceurs d’alerte demandent le retrait de trois Roundup ayant reçu des autorisations de mise sur le marché (AMM) erronées.

Pour qu’un herbicide reçoive une autorisation de mise sur le marché, le fabricant doit prouver aux autorités d’évaluation compétentes qu’aucun des ingrédients qu’il contient n’est toxique. Monsanto a donc fournit au ministère de l’agriculture, la composition de ces trois Roundup dans le but d’obtenir une autorisation de mise sur le marché.

Néanmoins, les plaignants ont découverts plusieurs contradictions face à ces AMM au sein du gouvernement. Jacques Maret et le MDRGF ont sollicité le ministre de l’agriculture en juin dernier pour en savoir plus sur la composition des herbicides. Devant le silence de ministre, ils ont alors saisi le Conseil d’Etat pour avoir une réponse. Quelques jours plus tard, le ministre de l’agriculture Bruno Le Maire affirmait que « dans les dossiers de demandes d’AMM des trois types de Roundup mis en cause, leur composition intégrale ne contient pas de POEA ».

Cependant ce n’est pas l’avis de la ministre de la santé, Madame Bachelot, qui avait déclaré en réponse à une députée que le Roundup contenait du POEA [1] . Ce n’est pas non plus l’avis des deux laboratoires ayant effectués des tests sur les types de Roundup concernées à la demande du MDRGF et de Jacques Maret. Les deux laboratoires confirment la présence de POEA dans les herbicides. Même Monsanto, interrogé par le Canard enchaîné, « reconnait que certaines formulations du Roundup contiennent bel et bien du POEA » [2]. mais bien sur sans préciser quels types de Roundup sont concernés.

Or en chimie les cocktails sont souvent explosifs. Les interactions des deux principes actifs devraient être étudiées car selon le MDRGF « Le mélange [du POEA] avec le glyphosate (élément principal du Round up) amplifie l’action du principe de l’herbicide et induit des mutations cellulaires » [3]. La ministre de la santé acquiesce et indique que « plusieurs études semblent montrer que la toxicité du mélange glyphosate/POEA est plus importante que celui du glyphosate seul [4]. L’étude Seralini nous avait déjà alerté sur les effets du glyphosate et du Roundup [5], cette déclaration n’est pas pour nous rassurer.

Peut on vous suggérer, Messieurs et mesdames les ministres une plus grande communication interministérielle ?

Alors comment interpréter ces différentes versions ? Comment expliquer ces incohérences ministérielles ? On peut imaginer plusieurs scénarios face à cette affaire. Soit Monsanto a menti au ministère sur la composition des Roundup et le ministère qui ne mène aucun test indépendant n’a rien décelé. Soit Monsanto a indiqué l’ensemble des composants et le ministère de l’agriculture et l’AFSSA, l’agence française de sécurité sanitaire des aliments, ont autorisé un produit sans faire les études indispensables. Dans tous les cas, cela soulèvent de nombreux doutes sur la fiabilité des ces organismes publics censés servir l’intérêt général des citoyens et protéger notre sécurité sanitaire et alimentaire face aux multinationales comme Monsanto.

Nous n’avons pas terminé d’entendre parler de ces Roundup « illégaux » puisque le MDRGF ainsi que Jacques Maret indiquent qu’ils étudient « actuellement la possibilité d’entreprendre des actions en justice [6].

Source : Nadège Le Mabec
Combat Monsanto, 27 novembre 2009





[1« Enfumage sur le désherbant », le Canard enchaîné, 18 novembre 2009.

[2Ibid

[3« Deux herbicides Roundup mis à l’index par des agriculteurs », AFP, 18 novembre 2009.
http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2009-11-18/ecologie-deux-herbicides-roundup-mis-a-l-index-par-des-agriculteurs/920/0/396360

[4« Enfumage sur le désherbant », le Canard enchaîné, 18 novembre 2009. »

[5Voir « Le glyphosate est toxique et le “ Roundup ” est encore plus mauvais », http://www.combat-monsanto.org/spip.php?article133&var_recherche=glyphosate%20serallini#nb10
« Round Up, une nouvelle étude sur la toxicité de quatre différentes formulations », 29 décembre 2008 http://www.combat-monsanto.org/spip.php?article305
Hervé Morin, « Le désherbant le plus vendu au monde mis en accusation », Lemonde.fr, le 8/01/2008 http://www.combat-monsanto.org/spip.php?article311

[6« Deux herbicides Roundup mis à l’index par des agriculteurs », AFP, 18 novembre 2009.
http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2009-11-18/ecologie-deux-herbicides-roundup-mis-a-l-index-par-des-agriculteurs/920/0/396360»