L’herbicide le plus connu au monde aurait-il développé un don d’ubiquité ?

Des scientifiques américains ont mené une large étude pour connaître les niveaux d’exposition au Roundup dans l’environnement. Produit phare de la firme Monsanto, l’herbicide a été détecté à des concentrations significatives dans l’air et dans tous les cours d’eau du Mississipi et de l’Iowa selon un communiqué publié par l’agence Reuters le 31 août dernier.

« Il est partout à des niveaux significatifs. Il est constamment là », déclare Paul Capel, chimiste environnemental au bureau de recherche géologique américain (USGS, selon l’acronyme en anglais). « Mais nous avons besoin de mener des tests complémentaires pour définir la toxicité pour l’homme et l’animal de ce produit chimique ».

Le chimiste américain précise que le glyphosate a été détecté dans tous les échantillons d’eau prélevés dans les rivières du Mississipi au cours des deux années d’étude, et dans presque tous les échantillons d’air. Les mêmes tests menés dans l’Iowa ont abouti aux mêmes résultats. Les scientifiques ont choisi le Mississipi parce que l’Etat est stratégique pour la production américaine de soja, de maïs, de riz et de coton.

« L’herbicide est utilisé de manière intensive alors qu’il est si peu étudié ». Et Paul Capel de compléter : « Cette étude est la première à montrer que l’herbicide contamine tout notre environnement pendant la période de germination : les rivières, les pluies mais aussi l’air ».

Monsanto a introduit le glyphosate commercialisé sous le nom de Roundup en 1974. La société américaine a réalisé des milliards de dollars de bénéfice en vendant cet herbicide pour traiter les récoltes, génétiquement modifiées pour supporter le produit chimique.

L’USGS affirme que plus de 88.000 tonnes de glyphosate ont été utilisées aux Etats-Unis en 2007 alors que la consommation en 1992 n’était que de 11.000 tonnes. Cette forte augmentation a fait naître des craintes de la part des agriculteurs américains et des défenseurs de l’environnement. Et notamment parce qu’ils ont pu observer le développement rapide d’espèces résistantes au Roundup ; des herbes qui auraient la capacité d’étouffer les cultures.

De plus, certains scientifiques affirment que le glyphosate dégraderait les sols, affecterait les plantes et serait nuisible à la faune.
L’agence de l’environnement américaine (US EPA, selon l’acronyme en anglais) s’est fixée jusqu’à 2015 pour s’exprimer sur la commercialisation du glyphosate, et pour éventuellement restreindre son usage. Elle travaille en étroite collaboration avec les autorités canadiennes pour évaluer l’efficacité de l’herbicide et son niveau de sécurité.

Source : Geneviève De Lacour , Le Journal de l’Environnement, le 05 septembre 2011.