En sortant de la réunion hier, le préfet du Rhône résumait ainsi l’impuissance des acteurs : « Le véritable enjeu, c’est la dépollution du Rhône et de ses affluents. Mais personne ne sait comment faire. Il n’existe aucun procédé au monde pour traiter de telles quantités. » Le représentant de l’Etat sortait du comité de suivi et d’information sur les PCB (polychlorobiphényles, produit extrêmement polluant), qui souillent les sédiments du Rhône. « Les seules solutions connues, ajoutait le préfet, Jacques Gérault, sont l’incinération et la mise sous béton. » Deux options vite abandonnées.

Imprégnation.

Aussi, un programme de recherche sur les techniques de dépollution devrait être labellisé par le pôle de compétitivité Axelera (chimie-environnement), qui se trouve en Rhône-Alpes. Il tentera notamment de développer des outils de traitement des sédiments pollués. Le projet serait piloté par Suez Environnement, et associerait des laboratoires, une quarantaine de chercheurs, des industriels, des PME (etc.), pour une durée initiale de quarante mois et un coût évalué à 12,65 millions d’euros. L’Etat en prendrait 50 % à sa charge, l’autre moitié restant aux frais des industriels.

Une enquête d’imprégnation va par ailleurs être lancée par l’Agence française pour la sécurité sanitaire des aliments et l’Institut de veille sanitaire. « C’est la première enquête de cette ampleur concernant ce type de pollution. Cela ressemble à ce qui avait été mis en œuvre pour l’amiante », se réjouit Alain Chabrolle, vice-président de la Fédération régionale de la protection de la nature (Frapna). Elle sera menée d’octobre 2008 à mai 2009, sur des consommateurs volontaires, et ses premiers résultats attendus en 2010. « Cette enquête sera menée nationalement, précise le préfet du Rhône. Son protocole est en cours d’élaboration mais elle portera sur les milliers de personnes, et non sur une cinquantaine. » Une allusion transparente à l’enquête présentée aujourd’hui par le WWF, pour alerter sur l’ampleur de la contamination aux PCB (lire ci-dessous). Une autre enquête va être lancée auprès des salariés qui travaillent au contact de PCB. Notamment les ouvriers des usines Tredi à Saint-Vulbas (Ain) et Arkema à Saint-Auban (Alpes-Maritimes). Des établissements où l’on retraite les appareils contenant du Pyralène (une des marques sous lesquelles ont été commercialisés les PCB).

Oiseaux.

Parallèlement, un protocole est en cours d’élaboration pour tous les travaux de dragage sur le Rhône et ses affluents, afin d’éviter que les couches de sédiments souillés ne se dispersent en étant remuées. Enfin, le cas des pêcheurs du Rhône serait en voie de règlement, 10 d’entre eux (sur 12) ayant reçu des propositions d’indemnisation allant jusqu’à 30 000 euros. Les enquêtes se poursuivent pour délimiter plus précisément les zones polluées, ainsi que les espèces touchées, et le comité étudie « l’opportunité scientifique d’étendre les analyses aux oiseaux ». La prochaine réunion du comité de suivi est prévue début 2009.

Source : Libération.fr, un article du 29 Mai 2008.
Voir aussi l’article du Monde Diplomatique avec la carte des sites pollués .