Le 29 mai 2013, on apprenait que des champs de blé de l’Oregon aux Etats-Unis avaient été contaminés par des OGM illégaux, issus d’ancien tests officiellement stoppés en 2005. Ce 5 juin 2013, Monsanto indique avoir repris des essais pour développer de nouveaux blé GM alors que l’opposition à l’appropriation du blé et à sa modification génétique est mondiale.

A ce jour, aucun Etat ne veut de ce blé GM. Une nouvelle tentative de coup de force ? Le Monsanto protection act permettra-t-il à Monsanto de passer outre les tribunaux pour imposer ses semences non autorisées ?

Voici deux articles pour vous informer sur la situation

ETATS-UNIS – Du blé OGM illégal contamine l’Oregon et perturbe les marchés par Christophe NOISETTE , mai 2013
Source : http://www.infogm.org/spip.php?article5425

Le 29 mai 2013, le ministère étasunien à l’Agriculture (USDA) confirmait sur son site internet que du blé génétiquement modifié (GM) résistant au Roundup avait été retrouvé dans l’État de l’Oregon.

L’USDA a fait analyser par ses laboratoires plusieurs échantillons. L’USDA précise dans son communiqué de presse que « les analyses indiquent la présence de la même variété de blé résistant au glyphosate que celle que Monsanto avait été autorisé à expérimenter en champs entre 1998 et 2005 » . Ce blé GM avait en effet été expérimenté sur plus de 4000 hectares entre 1998 et 2005 dans 16 États : Arizona, Californie, Colorado, Floride, Hawaï, Idaho, Illinois, Kansas, Minnesota, Montana, Nebraska, Dakota du Nord, Oregon, Dakota du Sud, Washington et Wyoming. Dans l’Oregon, huit essais en champs ont été menés entre 1999 et 2001. Le Center for Food Safety demande un moratoire sur les essais en champs de PGM tant que les circonstances et l’ampleur de cette contamination ne seront pas déterminées.

La présence de ce blé GM avait été signalée à l’USDA par un scientifique de l’Université de l’État de l’Oregon, prévenu par un agriculteur qui souhaitait se « débarrasser » de ce blé qui repoussait entre ses récoltes et l’avait aspergé de Roundup... en vain.

Rappelons qu’il n’existe à l’heure actuelle aucun blé transgénique autorisé à la culture commerciale, ni aux Etats-Unis ni au niveau mondial. Mais l’USDA annonce que « la détection de cette variété de blé ne pose aucun problème de sécurité sanitaire », étant donné que la Food and Drug administration (FDA), l’organe en charge de l’évaluation sanitaire des PGM, avait conduit une évaluation « volontaire » de ce blé en 2004.

Rassuré par la FDA, l’USDA annonce vouloir comprendre « les circonstances et l’ampleur de cette situation et comment cela a pu se produire. […] L’USDA va mettre toutes les ressources nécessaires à cette enquête ». Le ministère rappelle que la loi sur la protection des végétaux prévoit des pénalités importantes (pouvant atteindre le million de dollars) en cas d’infractions graves. Mais l’USDA poursuivra-t-elle Monsanto et sa gestion plus que hasardeuse de ses essais en champs ?

La contamination est une des stratégies pour favoriser les autorisations commerciales et la diffusion des variétés transgéniques. Cette stratégie a déjà été utilisée au Brésil avec les variétés de soja Roundup Ready venues d’Argentine, en Inde avec le coton Bt, etc. Depuis plus d’une décennie, du blé GM est sur le point d’être autorisé mais les pays importateurs de blé, à l’instar de l’Italie, ne souhaitent pas de ces variétés transgéniques... Monsanto, dans un communiqué de presse, rappelle « avoir arrêté le développement des variétés de blé GM en mai 2004 suite à l’annonce faite par le Bureau du Blé Canadien, le plus important négociant en blé, que les dix plus gros marchés de blé, comme le Japon, le Royaume-Uni, ou la Malaisie, n’accepteraient pas ces variétés ».

Le Japon a d’ores et déjà annoncé son intention de bloquer les importations de blé en provenance des États-Unis pour ne pas risquer d’importer des blés contaminés. Le ministre de l’Agriculture a d’ailleurs annulé son projet d’acheter près de 25 000 tonnes de blé [3] aux Etats-Unis, selon Hiromi Iwahama, directeur du commerce des grains au ministère. D’autres marchés devraient aussi se fermer, selon les informations des associations Union of Concerned Scientists ou Center for Food Safety. Or, 90% du blé cultivé dans l’Oregon est destiné à l’exportation. Face à cette situation, Michael T. Scuse, un haut responsable de l’USDA, a déclaré : "Nous espérons que nos partenaires commerciaux comprendront que ce n’est pas un problème de sécurité sanitaire des aliments ». Quant aux producteurs de blé biologique, ils s’inquiètent aussi de cette contamination qui pourrait avoir des conséquences économiques importantes.

Les stratégies agressives des multinationales semencières, et la recrudescence des recherches sur le blé transgénique nous autorisent à nous poser cette question : Monsanto a-t-il décidé de forcer la main aux pays réfractaires en favorisant une faible contamination des champs de blé étasuniens ?

Et maintenant la réponse dans Sience & Avenir du 5 juin 2012 : Monsanto avoue reprendre les essais sur le blé OGM !

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Monsanto teste de nouveau du blé OGM aux Etats-Unis

NEW YORK (AFP) - La présence de blé transgénique de Monsanto aux Etats-Unis restait inexpliquée mercredi, mais le groupe américain teste de nouvelles semences de blé OGM, huit ans après y avoir renoncé vu le tollé dans l’opinion publique.

Ni les autorités ni Monsanto ne donnent d’explication précise à ce jour pour justifier comment du blé OGM résistant à l’herbicide Roundup du groupe (le glyphosate) a pu se retrouver dans un champ de l’Oregon, comme le ministère de l’Agriculture (USDA) l’a dévoilé mercredi dernier.

Le groupe, qui a arrêté les essais à l’air libre dans l’Orégon en 2001 sur ce blé OGM, le MON 71800, n’exclut pour l’instant "aucune piste", "un accident ou un acte intentionnel", a expliqué Robb Fraley, directeur technologique du groupe lors d’une conférence téléphonique mercredi.

Il n’y a aucune semence de blé transgénique autorisée à l’heure actuelle dans le monde.

Monsanto avait arrêté en 2005 un programme de développement de blé OGM résistant à son herbicide Roundup (glyphosate), face au rejet du secteur, et aux réactions négatives des organisations de consommateurs et des groupes de défense de l’Environnement.

Toutes les graines de l’OGM de première génération testé jusqu’en 2005 ont été soit détruites, soit expédiées au "centre de stockage du ministère de l’Agriculture" (USDA), a affirmé M. Fraley.

Bill Freese, de l’association anti-OGM Center for Food Safety (CFS), réfute les arguments de Monsanto. "Je ne vois aucune preuve qu’il s’agisse de sabotage", a-t-il dit à l’AFP, estimant que le groupe essaie de "se défausser sur d’autres que lui" pour expliquer la présence de blé transgénique non homologué.

Il affirme que le groupe de Saint Louis (Missouri) a cultivé du blé transgénique de 1998 à 2005 dans 17 Etats américains et que, contrairement à ce que dit Monsanto, il n’est pas impossible que le blé en Oregon provienne des cultures de cette époque.

Les dirigeants de Monsanto affirment que les graines de blé ne peuvent survivre dans "un climat difficile comme celui de l’Oregon" plus de deux ans.

Ils ajoutent que le pollen de blé "ne se déplace pas de plus de 9 mètres de sa source", ce que dément Bill Freese : "dans certaines conditions la pollinisation du blé s’est vue à 2,75 kilomètres" de l’origine d’un semis.

Il souligne aussi qu’il est très difficile d’éviter les dispersions de semis : "il reste toujours des graines dans le sol d’un champ", qui re-germent une saison plus tard et "se mêlent alors à des semences conventionnelles". Il arrive aussi que des semences "tombent des camions" qui les transportent, remarque-t-il.

Les dirigeants de Monsanto ont indiqué mercredi que le groupe avait relancé en 2009 ses efforts pour développer de nouvelles semences de blé OGM "à la demande des producteurs de blé".

Mercredi, la directrice de la recherche sur le blé de Monsanto, Claire Cajacob, a en effet souligné que "de nouveaux tests (avaient) redémarré en 2011" dans des champs du Dakota du Nord et qu’ils portaient sur la variété de blé de printemps.

Les recherches sur ces semences de blé OGM de deuxième génération se focalisent sur la résistance à la sécheresse ainsi qu’à l’action de multiples désherbants, et non seulement au Roundup.

Le CFS appelle à suspendre les essais en cours tant que toute la lumière n’a pas été faite sur le blé OGM trouvé dans l’Oregon, d’autant que les essais dans le Dakota du Nord "portent sur 120 hectares et sont très substantiels", ce qui rend "très difficile" d’éviter la pollinisation de champs voisins, explique Bill Freese.