ETC Group est spécialisé dans la lutte contre le projet Terminator, une technologie du génie génétique permettant la stérilisation des plantes, et présentée comme une solution biosécuritaire à la dissémination non désirée des transgènes de cultures.

En pratique, la commercialisation de ces technologies permettra aux multinationales de biotechnologie d’affermir un peu plus encore leur emprise sur les semences et les droits des agriculteurs.

Le communiqué d’une trentaine de pages examine d’abord le projet Transcontainer de l’Union européenne, qui développe pour l’Europe des arbres et cultures GM que l’on peut « confiner biologiquement » grâce à une « stérilité transgénique réversible ». Issu du 6e Programme-cadre de l’UE, ce projet de trois ans étaye l’objectif de coexistence – le principe controversé de la coexistence pacifique entre cultures GM et non GM – pour convaincre la population d’accepter les cultures GM. 

Les défenseurs du projet Transcontainer allèguent que son but n’est pas de limiter l’utilisation des semences, mais bien de confiner les transgènes, ajoutant que la technologie à l’étude est différente de Terminator en raison du caractère réversible de la stérilité – les semences pourront redevenir fertiles, sans doute sous l’action d’un produit chimique quelconque. Hope Shand rétorque : « Un scénario qui force les agriculteurs à acheter un produit chimique pour rétablir la viabilité des semences crée une situation de monopole permanent pour l’industrie semencière. Même si ces semences-zombies n’ont pas pour but exprès de limiter l’utilisation des semences, elles obligent en fait les agriculteurs à payer chaque année le privilège de rétablir la fertilité de leurs semences. Les semences-zombies ne sont pas plus acceptables que les semences-suicide. La technologie Terminator ne sera jamais sûre ni acceptable, quelle qu’en soit la forme », conclut Shand.

Enfin, le communiqué d’ETC Group examine des méthodes de bioconfinement extrêmes – des méthodes moléculaires fondées sur des « gènes de létalité conditionnelle » capables d’exterminer les plantes et leur ADN transgénique advenant l’échec d’autres stratégies de bioconfinement. L’idée, c’est qu’une plante-kamikaze puisse être détruite à l’activation du gène mortel – sur application d’un produit chimique externe, par exemple – en emportant avec elle le trait GM. Si le gène mortel n’est pas activé, la plante survit et peut transmettre ses gènes étrangers à la génération suivante. De toute évidence, ces plantes-kamikazes sont conçues pour servir de stratégie de bioconfinement de dernier recours.

Ribeiro conclut : « Semences-zombies, semences-exorcistes et plantes-kamikazes : ce sont toutes des technologies bancales incapables de prévenir la dissémination non désirée des transgènes de cultures GM. Mais si on parvient à convaincre les pays que le confinement biologique est possible à partir de l’une ou l’autre – ou la combinaison – de ces techniques, on ouvre toute grande la porte à de nouveaux marchés pour les plantes biotechnologiques, dont les cultures GM et les arbres cultivés comme biocombustible. Le résultat : des subventions encore plus généreuses aux multinationales et un risque décuplé de contamination transgénique. »

Les organismes de la société civile réunis à Berlin (du 18 au 21 juin) pour le 2e Forum européen sur le développement rural durable exigent que la Commission européenne cesse de financer la recherche sur les semences-zombies, notamment en raison de ses répercussions dangereuses pour le 1,4 milliard de personnes qui ont besoin des semences prélevées à la ferme pour survivre.

Voir aussi l’article Delta & Pine Lands, succursale de Monsanto, accusée de crime contre l’environnement au Paraguay.