Les firmes semencières essaient par tous les moyens de désinformation de faire croire que les méthodes autres que la transgenèse ne font pas des OGM. C’est un mensonge au regard de la définition européenne donnée par la DIRECTIVE 2001/18/CE. Les produits de la mutagenèse (et de la fusion cellulaire) SONT des OGM.

Voir : http://www.ogm.gouv.fr/reglementation/dissemination/directive2001_18.pdf

Extrait de la DIRECTIVE 2001/18/CE , Article 2, Définitions :

Aux fins de la présente directive, on entend par :
1. « organisme » : toute entité biologique capable de se reproduire ou de transférer du matériel génétique ;
2. « organisme génétiquement modifié (OGM) » : un organisme, à l’exception des êtres humains, dont le matériel génétique a été modifié d’une manière qui ne s’effectue pas naturellement par multiplication et/ou par recombinaison naturelle.

Les OGM issus des techniques de modification non naturelle du génome autres que la transgénèse (comme la mutagenèse provoquée artificiellement) sont simplement exclues du champ d’application de la directive. Des discussions sont aujourd’hui ouvertes au niveau européen pour faire évoluer cette exclusion.

1) mutation naturelle : un caractère nouveau apparaît sur une plante à la suite d’une mutation induite par l’environnement naturel. Les techniques habituelles de sélection entre plantes sexuellement compatibles (croisement et multiplication successives) permettent d’intégrer ce caractère (et le ou les gènes qui permettent son expression) dans une variété intéressante qui sera commercialisée.

2) mutation dite "spontanée" provoquée par une modification non naturelle de l’environnement : une pression chimique sur l’environnement de culture (herbicides par exemple) provoque, sans que cela soit son objectif, l’apparition de plantes présentant un nouveau caractère de résistance à cet herbicide, dans lesquelles on trouve un ou des gènes dits de résistance à l’herbicide. Suite idem 1. C’est le tournesol Clearfield de Basf résistant à son herbicide, effectivement issu de méthode traditionnelle de sélection suite à cette mutation "spontanée". Cette variété n’entre pas dans la définition des OGM, mais elle présente les mêmes risques non évalués issus du gène de résistance aux herbicides (transfert de gène à d’autre plantes, augmentation résistances aux herbicides et des repousses ingérables, augmentation de l’utilisation d’herbicides..) qu’un OGM résistant,

2 bis) Autre possibilité : transgénèse à partir de ce gène de résistance. Ca en fait un OGM. Si la trangénèse se fait sur la même espèce (sexuellement compatible) que celle où a été prélevé le gène transféré, on appelle cela "cisgenèse", technique que certains (CopaCogeca) voudraient voir exclue des OGM soumis à règlementation en Europe.

3) mutagenèse aléatoire : très proche de 2), sauf que la modification de l’environnement de culture est intentionnellement créée pour provoquer des mutations et utilise des facteurs dont la seule fonction est d’être mutagènes : rayons ionisants. Ce sont les premières expériences françaises de mutagénèse autour de Cadarache dans les années 1960. Méthode très aléatoire et longue : on fait muter des milliers de plantes puis on les cultive pour voir si certaines présentent des caractères nouveaux intéressants, puis on les sélectionne, puis...

4) mutagenèse aléatoire et multiplication cellulaire. Dès la fin des années 1960, on sait reproduire une plante en labo à partir d’une seule de ses cellules. Il est alors beaucoup plus simple de soumettre des milliers de cellules à des pressions mutagènes en labo (produits chimiques comme la colchicine, rayons gamma...), puis de faire des milliers de multiplications cellulaires, puis d’en faire des plantes, puis... méthode toujours aléatoire, longue, peu industrialisable, mais qui a donné de multiples plantes que nous consommons aujourd’hui : blé, orge, des bretons disent même que les sarrasins actuellement les plus cultivés ont été sélectionnés ainsi... En plus des risques évoqués plus haut, cette technique (et les suivantes) provoque autant, voire plus, de perturbations du génome et d’effets « non intentionnels » en résultant que la transgénèse.

5) étape suivante, parfois appelée tilling ou mutagenèse dirigée : avec le séquençage génétique, on peut savoir en 48 h si une mutation souhaitée est apparue sur l’une des milliers de cellules soumises à un stress mutagène. Il n’y a alors qu’une seule cellule à multiplier pour en faire une plante, on gagne énormément en temps et en rapidité. C’est cette méthode industrialisable qui relance aujourd’hui la mutagenèse comme alternative aux OGM dont les consommateurs ne veulent pas. C’est l’Express Sun de Pionner.

6) mutagenèse réellement dirigée : grâce à l’introduction dans une cellule d’éléments d’ADN (micronucléotides) qui ne sont pas des gènes (il n’y a donc pas transgenèse au sens strict), on peut orienter la pression mutagène sur le ou les gènes qu’on veut faire muter. De nombreuses voix scientifiques européennes commencent à demander que cette nouvelle technique soit classée comme OGM et subisse les mêmes obligations d’évaluation et d’information du public.

Le Canada évalue déjà l’impact sur l’environnement de l’ensemble des plantes issues de mutagénèse artificielles (à partir de 3 + 2 bis évidemment), mais les accepte pour la plupart,

Source : Guy KASTLER, Semons la biodiversité, septembre 2009