La Commission européenne a demandé lundi des explications au géant allemand de l’agrochimie BASF après la découverte récente dans un champ en Suède de plants d’une pomme de terre génétiquement modifiée non encore autorisée dans l’UE. "Manifestement une bourde a été commise", a déclaré un porte-parole de la Commission européenne, à qui revient aujourd’hui le dernier mot pour autoriser ou non des produits OGM lorsque les pays de l’UE n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur le sujet.

L’affaire, révélée par Greenpeace, concerne des plants d’une nouvelle pomme de terre OGM destinée à une utilisation surtout industrielle que BASF développe, appelée Amadea. Le groupe vient de demander à Bruxelles une autorisation de culture, six mois après avoir obtenu le feu vert pour une première pomme de terre de ce type, Amflora, résistante à divers insectes et aujourd’hui cultivée dans trois pays européens (Suède, Allemagne et République tchèque). Cette décision à l’époque avait été très critiquée en Europe par les défenseurs de l’environnement. Il est avéré à présent que des plants de l’Amadea, pourtant non encore autorisée, ont été découverts dans un champ d’Amflora en Suède.

"LES MAUVAISES POMMES DE TERRE ONT ÉTÉ ENVOYÉES"

"La Commission a été informée du fait qu’il y a contamination d’un champ en Suède et que des fleurs de l’Amadea, non encore autorisée au niveau de l’UE, ont été trouvées", a souligné le porte-parole, indiquant que "les mauvaises pommes de terre ont été envoyées en Suède".

BASF, de son côté, a confirmé dans un communiqué que "de faibles quantités de la pomme de terre Amadea ont été trouvées dans un champ d’Amflora" dans le cadre d’un contrôle interne, et que les autorités suédoises en ont été informées. Le géant allemand espère une mise sur le marché d’Amadea d’ici 2013 à 2014 après avoir obtenu son homologation. Cette nouvelle plante doit venir peu à peu remplacer la première génération de pommes de terre génétiquement modifiées du groupe, destinées à lutter contre des maladies.

L’organisation Greenpeace a qualifié la culture illégale de "manquement déplorable dans le domaine de la sécurité biologique". "Qui sait quels sont les effets sur l’environnement de la culture de plants génétiquement modifiés qui n’ont pas encore fait l’objet de véritables tests ?", s’est interrogée l’une de ses représentantes, Stefanie Hundsdorfer. "Les firmes agrochimiques ont régulièrement mélangé des plantes OGM avec des semences normales, on ne peut pas leur faire confiance. Les gouvernements européens doivent empêcher la Commission d’autoriser de nouvelles cultures", a-t-elle ajouté.

Cette affaire survient au mauvais moment pour Bruxelles, qui a proposé en juillet une réforme du système d’autorisations de cultures des OGM en Europe. La Commission propose un système à la carte où les pays seraient libres ou non d’accepter la culture de tels produits sur leur territoire, alors que le système actuel très complexe aboutit à des blocages permanents.


Source :
 Lemonde.fr, 6 septembre 2010