La Direction Générale de la Recherche de la Commission européenne (CE) vient de publier une synthèse de dix années de projets de recherche sur les OGM, financés par la CE. Aux nombre de cinquante, ces projets, mis en place entre 2001 et 2010, se sont intéressés aux impacts environnementaux des OGM (principalement des plantes – PGM – mais aussi quelques micro-organismes), leur sécurité sanitaire, leurs applications pour les agrocarburants, les technologies émergentes, et enfin l’évaluation des risques et leur gestion.

Cette synthèse est la seconde du genre, une première ayant été publiée en 2001 pour les projets financés entre 1985 et 2001. Sur ces deux périodes, ce sont donc 131 programmes de recherches (50 pour 2001-2010) qui ont été financés pour un total « de plus de 300 millions d’euros » (200 millions pour 2001-2010). Cinq cents groupes de recherches auront ainsi été mobilisés.

Selon le rapport, ces 131 programmes de recherche aboutissent à deux conclusions majeures : « les biotechnologies, et en particulier les OGM, ne présentent pas, en soi, plus de risques que les technologies conventionnelles d’amélioration des plantes » et « les recherches et applications des biotechnologies d’aujourd’hui sont beaucoup plus diversifiées qu’il y a 25 ans ». A l’appui de cette conclusion suit donc une présentation synthétique des résultats des cinquante programmes de recherche mis en place entre 2001 et 2010.

Selon la Commissaire européenne à la recherche, Máire Geoghegan-Quinn, les biotechnologies « pourraient fournir des outils utiles aux secteurs que sont l’agriculture, la pêche, la production alimentaire et l’industrie. […] Pour trouver les meilleures solutions, nous devons prendre en considération toutes les alternatives pour répondre aux défis à venir […] des alternatives comprenant les OGM et les potentiels de leur utilisation ».

Une position de principe qui établit donc l’efficacité des OGM comme postulat de base aux programmes de recherche financés. La Commissaire précise également que « le lecteur notera que les récents projets s’intéressant au développement de nouveaux produits et procédés basés sur les OGM intègre pleinement l’évaluation de leur sécurité dans leur conception, expérimentation et développement ». Si la précision « récents » interroge sur ce qu’il en était avant, cette position tranche surtout avec l’incapacité récemment constatée de la CE à certifier la sécurité sanitaire du maïs Mon810 pourtant autorisé depuis 1998 !

On notera également que les impacts socio-économiques n’ont donc été l’objet d’aucun des projets de recherches financés par la CE. Un point étonnant alors que la Commissaire annonce que « le concept de Bio-économie basé sur la connaissance fourni de nombreuses solutions scientifiques et techniques ». En ce sens, analyser les impacts socio-économique du développement des PGM semble donc une donnée minimale pour conclure aux bienfaits des OGM, donnée qui manque donc clairement à la CE aujourd’hui.

Enfin, un dernier paradoxe est à souligner : ces 25 années de recherche, notamment dans le domaine de l’évaluation des impacts environnementaux et sanitaires, semblent avoir convaincu la seule CE de l’absence de risques liés aux PGM. En effet, de leur côté, les états membres semblent avoir plus de doutes puisque malgré ces 131 programmes de recherche et les 300 millions d’euros investis, et comme le rappelait Chantal Jouanno, Secrétaire d’état française à l’Écologie en octobre 2010, « les ministres de l’Environnement de l’UE ont à l’unanimité demandé en décembre 2008 (pendant la présidence française de l’UE) un renforcement de l’évaluation des OGM, une analyse des conséquences socio-économiques de leur mise en culture et un renforcement de l’Agence européenne pour la sécurité alimentaire, dont le rôle a été mis en cause »...

Source : Eric Meunier, Info’GM, 3 janvier 2011