Le 6 juillet 2011

En avril 2011, un membre du ministère de l’Environnement chinois a reconnu que des semences de riz GM « étaient présentes dans plusieurs provinces du fait d’une gestion déficiente » [1]. Ces semences ont été retrouvées suite à une enquête menée par quatre ministères.

Cette déclaration est donc la reconnaissance officielle par les autorités chinoises d’une situation que l’association Greenpeace suspectait déjà en 2010. A l’époque, l’ONG avait soupçonné une telle présence de riz GM aux champs dans les régions de Hubei et du Hunan, après avoir découvert que deux supermarchés ainsi que les réserves nationales chinoises distribuaient du riz GM Bt63 pourtant non autorisé commercialement [2].

Pour l’heure, aucune information plus précise n’est disponible, notamment quant à la nature des riz transgéniques retrouvés, les surfaces incriminées et la destination du riz concerné. Côté européen, le système d’alerte rapide pour l’alimentation humaine et animale a répertorié 15 alertes depuis le 1er janvier 2011 (109 depuis le 1er janvier 2006, [3]) pour des présences de riz transgéniques non autorisés en provenance de Chine [4]. Les riz transgéniques en cause sont le riz Bt63, KMD1, KeFeng6, cry1a(c) (ce dernier renseigne juste sur la présence de la protéine insecticide Cry1Ac), tous manipulés pour produire une protéine insecticide Cry. Les produits alimentaires analysés et dans lesquels les traces de riz ont été retrouvées sont des nouilles, du vermicelle, des crackers... A noter que d’autres céréales transgéniques ont été retrouvées dans l’Union européenne en provenance de Chine : sésame, haricot et lin Deux cas de contamination par du lin FP967 en 2009 notifiés par la Grèce et la Slovénie, en provenance de Chine. [5].

Cette annonce ne surprend pas la Commission européenne (CE) qui a expliqué à Inf’OGM avoir reçu sur le sujet, en avril 2011, un rapport non encore public du Bureau européen alimentaire et vétérinaire. Selon la CE, ce rapport établissait l’existence d’un risque de voir arriver en Europe du riz GM non autorisé. Le travail de renforcement des mesures d’urgence adoptées en 2008 est actuellement en cours et une discussion de la CE avec les Etats membres sur le sujet est prévue pour « avant l’été ».

Le rapport du Bureau européen alimentaire et vétérinaire fut établi suite à une mission en Chine qui était la seconde du genre. Car depuis 2008, la CE a adopté des mesures d’urgence « consistant principalement en des analyses obligatoires et débouchant sur la délivrance d’un certificat attestant l’absence de contamination » [6].

Une première mission du Bureau européen alimentaire et vétérinaire avait eu lieu fin 2008 pour éclaircir les procédures chinoises de biosécurité. En juin 2009, le rapport de la mission indiquait que « les autorités ont pris les mesures nécessaires pour empêcher toute nouvelle contamination » malgré des lacunes constatées dans le système de surveillance, notamment des exportations. Mais le 9 février 2010, suite à cette contamination des produits importés contenant encore du riz Bt63, la Commission européenne annonçait aux États membres réunis au sein du Comité permanent de la chaîne alimentaire et de la santé animale (CP CASA) le besoin de renforcer les mesures d’urgence [7].

Source : Eric Meunier, Inf’OGM, juin 2011