Au cours d’une conférence de presse le 29 septembre dernier, José Bové a demandé la démission de Díana Bánáti, présidente du Conseil d’administration de l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (AESA, ou EFSA- European Food Safety Authority).

L’eurodéputé a révélé que Madame Bánáti avait omis de mentionner qu’elle était membre du Comité des directeurs d’ILSI Europe, un lobby agroindustriel puissant, avant de le faire figurer dans sa déclaration d’intérêt le 28 septembre dernier [1]. Or selon José Bové rejoint par Corinne Lepage, ce cumul des mandats est incompatible avec sa mission en tant que présidente du CA d’assurer « l’indépendance des conseils scientifiques » de l’EFSA. [2]


Qu’est ce que l’ILSI ?

L’ILSI -International Life Science Institute ( Institut international vie et science)- est une organisation qui regroupe aujourd’hui plus de 400 entreprises parmi lesquelles Monsanto, DuPont, Cargill, Nestlé, Kraft food … [3]. L’ILSI « est une organisation internationale sans but lucratif dont la mission est d’améliorer la santé publique et le bien-être en engageant des scientifiques universitaires, gouvernementaux ou de l’industrie dans une tribune neutre pour faire avancer la compréhension scientifique dans les domaines liés à la nutrition, la sécurité alimentaire, l’évaluation des risques, et de l’environnement ».

L’EFSA se base sur les données fournies directement et indirectement par l’industrie. L’EFSA se base également sur les études de l’ILSI qui proviennent aussi des données fournies par les multinationales telle que Monsanto, afin de rendre des avis sur les OGM. L’EFSA est donc dépendante des données que veulent bien lui donner l’ILSI et les firmes multinationales.

Or les avis de l’EFSA sont primordiaux puisque c’est sur cette base que la Commission européenne statue et prend des décisions.

L’ILSI est avant tout au service de ses clients selon l’adage « Qui paye décide ». L’OMS a d’ailleurs décidé de se passer de ses services car elle considère que l’ILSI « ne peut plus jouer un rôle dans l’élaboration des normes sanitaires de l’OMS, car ses membres ont un intérêt financier dans le résultat » . [4] De plus, plusieurs conclusions non scientifiques de l’ILSI favorables aux entreprises, sur le téflon par exemple, ont donné lieu à des condamnations juridiques2 car elles étaient fausses et non scientifiques.

Ce cumul des mandats est donc problématique, Madame Bánáti étant censé d’une part assurer la sécurité sanitaire de 500 millions de citoyens européens et de l’autre assurer ceux des multinationales membres de l’ILSI.

L’EFSA, siège des portes tournantes vivement critiquée

Ce scandale n’est pas isolé à l’EFSA [5] et cache un problème de fond. L’agence européenne est souvent pointée du doigt pour son manque d’indépendance et de capacités scientifiques. L’EFSA n’a depuis sa création (au lendemain de la crise de la vache folle) jamais rendu d’avis négatifs à la Commission Européenne.

En 2008, les ministres européens de l’environnement avaient formulé une demande de refonte des procédures d’évaluation de l’EFSA afin qu’elle puisse produire ses propres expertises. Actuellement, l’EFSA se base sur les données des entreprises de biotechnologies déposant les demandes d’autorisations, et/ou sur les études de l’ILSI pour étayer ses arguments [2].

Les demandes de José Bové

Pour José Bové, l’Union Européenne doit suivre l’exemple de l’Organisation Mondiale de la Santé et placer l’ILSI sur sa liste rouge. Les informations fournies par ce lobby ne cherchent pas à défendre les intérêts des 500 millions de consommateurs européens mais à dessiner les réglementations qui favorisent le mieux ses intérêts financiers.

Par conséquent, le député demande : [2]

1 - La Commission européenne doit remplacer Madame Bánáti à la tête de l’EFSA.

2 - L’Union européenne doit mettre en place un moratoire total sur les OGM et suspendre les autorisations qu’elle a données.

3 - Le mode de fonctionnement doit être revu de fond en comble. L’Autorité Européenne devra en particulier disposer de moyens financiers conséquents pour pouvoir mener en toute transparence une évaluation scientifique, économique, sociale et environnementale des risques liés à l’utilisation des OGM en agriculture.

Source :Combat Monsanto, 30 septembre 2010





[1Voir la déclaration d’intérêt de Diana Bánáti,
https://doi.efsa.europa.eu/doi/?wicket:interface=:0:2:::
ou le PDF téléchargeable ci-dessus

[2José Bové, « Liaisons dangereuses : EFSA sous contrôle de l’agro-industrie »
http://jose-bove.eu/index.php?post/2010/09/29/Liaisons-dangereuses-%3A-EFSA-sous-contr%C3%B4le-de-l-agro-industrie.

[3Voir la liste complète sur http://www.Ilsi.org

[4Christophe Noisette, « UE – Le lobby OGM continue de s’implanter dans les instances européennes »
http://www.infogm.org/spip.php?article4550