Des documents rendus publics par Wikileaks confirment ce dont on se doutait : l’Espagne est le principal lobbiste en Europe des OGM de Monsanto et l’allié des États-Unis en Europe sur ce sujet. Le grand quotidien espagnol El Païs a publié ce scandale hier.

D’après des notes diplomatiques, le Secrétaire d’État pour le monde rural et l’eau, Josep Puxeu, aurait demandé à Washington de continuer à mettre de la pression sur Bruxelles pour faire autoriser plus largement les OGM et contrer un soi-disant… « pacte entre Sarkozy et Greenpeace » ! Rien de moins !

Il faut rappeler que 75 % des OGM (du maïs MON810) cultivés en Europe se trouve en Espagne. On parle ici de 68 000 hectares, une diminution de 11% en 2010 par rapport à l’année précédente. À titre de comparaison, en 2010, il y a eu 400 000 hectares de cultures OGM au Québec.

Le directeur de Monsanto en Espagne et au Portugal a tenu une réunion avec l’ambassade des États unis à Madrid pour tenter de contrer le mouvement anti-OGM et notamment une loi adoptée au Pays Basque le 21 avril 2009 pour lutter contre la contamination provenant des OGM.

Le sondage annuel de Eurobarometre de novembre dernier confirmait la montée de l’opposition aux OGM en Europe de 57 % en 2005 à 61 % en 2010 alors que les pro-OGM ne récoltaient plus que 23 % (27 % en 2005). Même en Espagne, l’appui en 1996 de 66 % pour les OGM a fondu à 35 % en 2010.

Pourquoi le gouvernement espagnol est-il si pro-OGM ? Plusieurs réponses. La période de l’après franquisme a été marqué par une forte croissance économique et un rattrapage pour faire oublier la période de la dictature de Franco. La modernité et la croyance aveugle en la technologie font partie du consensus post-franquiste. Par conséquent, il y moins d’analyse critique sur la technologie en Espagne. Tout ce qui est nouveau, qui vient de l’étranger est a priori souhaitable.
Les élites politiques en Espagne proviennent de la génération de la transition entre le franquisme et la démocratie et ont totalement adopté le marché et le technologisme pour sortir l’Espagne de son complexe du sous-développement par rapport aux pays de l’Europe du nord.
Mais l’Espagne change et la crise actuelle est en partie la faillite d’un modèle non durable. En 2010, il n’y avait plus que 35 % des Espagnols qui appuyaient les OGM. Vidéo de la manifestation de 15 000 personnes contre les OGM à Madrid le 17 avril dernier.

Lire le blog de Greenpeace Espagne.

Source : Greenpeace Canada et Greenpeace Espagne, 20 décembre 2010