Le groupe chimique allemand BASF a déclaré envisager une action en justice à l’encontre de la Commission Européenne s’il n’obtenait pas rapidement le feu vert à la commercialisation d’une variété de pomme de terre génétiquement modifiée.

"Nous sommes prêts à engager une action judiciaire contre la commission", a déclaré aux journalistes Stefan Marcinowski, membre du directoire de BASF. Interrogé sur le délai qu’il accordait à la CE pour rendre sa décision, il a répondu : "Pas des années : nous faisons le maximum pour être prêts pour la prochaine saison de plantation." Une réunion avec le commissaire européen à l’environnement Stavros Dimas n’ayant pas permis d’avancée, BASF lui a adressé une lettre ouverte - publiée entre autres dans des journaux allemands et dans le Financial Times - lui demandant d’autoriser l’Amflora, la variété de pomme de terre en question.

Baptisée Amflora, la pomme de terre de BASF est modifiée génétiquement pour être renforcée en amylopectine, un composant de l’amidon utilisé par l’industrie dans la fabrication du papier, du béton ou des textiles, les restes pouvant ensuite être employés comme aliments pour le bétail. Elle a reçu un avis favorable de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) mais la Commission européenne, sous pression d’opinions publiques souvent hostiles aux organismes génétiquement modifiés, n’a toujours pas tranché.

Si celle-ci était autorisée, il s’agirait du premier végétal génétiquement modifié autorisé par l’UE depuis une décennie. A ce jour, un maïs OGM de Monsanto est la seule plante génétiquement modifiée dont la culture commerciale est autorisée dans l’Union. "Nous ne sommes pas satisfaits du processus d’autorisation et nous avons donc pris une décision inhabituelle", a dit Marcinowski. "La décision attend depuis neuf mois sur le bureau du commissaire Dimas." BASF espérait initialement obtenir un feu vert de l’UE avant avril, pour permettre aux agriculteurs de planter l’Amflora à temps pour la récolte 2008.

Source : Reuters et AFP du 17/04/2008